Partons du principe habituel que mes enfants sont des êtres supérieurs et donc, parfaits. En tout cas entre 22h et 8h30. Et parfois quelques poignées d’autres minutes dans la journée.
C’est bon ?
Alors voilà.
Tout le reste de la population greffonnale m’exaspère, en comparaison. Sauf la petit fille choupie qui m’a dit que j’étais trop jolie. Elle, elle compte pas. Même après m’avoir demandé 2 euros pour lui offrir une glace.
Comme tout parent qui se respecte, je fais donc semblant d’être aimable et je souris aux frasques de ces autres sans commentaires aucun. Je suis de nature sociable aléatoire, mieux vaut ne pas me mettre des bâtons dans les roues à cause de l’incapacité des jeunes enfants -à part les miens- à être constamment intelligents et drôles (et futés) (je ne suis pas exigeante, j’ai simplement quelques principes).
Dans la vie de tous les jours, tout se passe à merveille.
Et puis il y a les vacances.
Ce moment où la pression est relâchée, où je me shoote au monoï pour oublier l’odeur des pots d’échappement de la ville et où je me persuade qu’il n’y a pas de meilleur endroit que celui où je me trouve à ce moment précis (à part les Seychelles peut être, et encore).
Mais EUX, sont toujours là. Et à défaut de se shooter à coup d’indice 50, ils carburent à la bêtise.
Sur la plage, par exemple, il y a ce marchand de glaces qui doit certainement devoir vendre l’équivalent d’un iceberg par jour de boulot… sauf qu’il le tire à la force de ses bras, l’iceberg. En évitant les châteaux de sable, les pieds des enfants, les joueurs de raquettes ET les gros cratères creusés juste pour l’emmerder. Alors que le commun des mortels auraient été se pendre avec un collier de fleur au milieu de la Méditerranée (on se trouve des capacités insoupçonnées quand on est désespérés), lui, il garde le sourire et chantonne à qui veut des glaces, boissons fraiches, chouchous qui font bronzer et beignets qui se greffe à ta culotte de cheval rien qu’en les humant. Je l’admire.
Surtout quand cette petite fille, si mignonne avec ses tâches de rousseurs et ses brassards Minnie, s’approche de lui et lui demande:
« Elles sont à quoi tes glaces ? »
« J’en ai plein, quel parfum tu préfères toi ? »
« Moi, j’aime que les glaces de ma maman. Les tiennes, elles sont dégueulasses »
Et s’en aller en sautillant.
Ok. J’ai ri, un peu.
Et puis cette même petite fille m’a vu. J’attire les mioches, il faut le savoir. Ça doit avoir un rapport étroit avec le fait que je suis la seule personne adulte à finir avec plus de sable dans le maillot que sur la plage, je ne sais pas.
Elle se cale devant moi et m’observe un moment.
Et tout à coup, elle me fait un ravissant sourire avec quelques dents ne répondant pas à l’appel.
« Moi, hier, j’ai mangé un beignet. Et binh après j’ai fait un énorme CACAAAAAA »
Et s’en aller en sautillant. (bis)
Pendant que je réfléchissais aux qualités diurétiques des beignets au chocolat (en comptant ma monnaie), j’ai reçu un banc de sable à travers la figure. Je lève la tête en voulant égorger le fautif qui vient de me faire tomber la pièce ultime pour mon beignet.
Deux charmants bambins s’ébrouent devant moi en se balançant joyeusement des poignées de sable mouillé dans des élans aussi enthousiastes que bruyants.
Ok. Pour tous les grains que j’ai envoyé dans les dents de plagistes innocents pendant ma prime jeunesse, je m’abstiens pour l’égorgement. Je suis bonne. Mère Thérésa de la playa on m’appelle. Mais quand même. Mon beignet quoi !
A l’heure de sombrer dans un coma ensoleillé, j’entends non loin les voix mélodieuses de mes voisins de terrasse (que je reconnaitrais entre mille, faut dire qu’on les a eu en stéréo pendant une semaine de 8h à 22h, ça marque les tympans). Des Alsaciens. Dotés d’un greffon de la pire espèce: le hurleur. Je n’ai rien contre les alsaciens, j’adore la choucroute. Mais on ne peut pas faire comme si ils pratiquaient une langue agréable à l’oreille. Et un greffon hurleur ET alsacien… sincèrement… Je ne saurai comment vous exprimer la délicatesse de sa voix dissonante. L’enfer sur Terre existe à l’heure de la douche chez eux.
Tant pis pour le coma.
De toute façon il était l’heure de rentrer.
On commence à mettre arrosoirs, râteaux et seaux dans le sac quand on s’aperçoit que notre magnifique pelle de compèt’ a disparu.
On ne me vole pas MA pelle. Jamais.C’est la règle.
Je scrute la plage à moitié désertée et finis par trouver deux spécimens d’environ 5 et 9 ans faire un remake de Highlander des sables. Avec MA pelle.
« Bonjour ! Elle est à vous cette pelle ? » (sait-on jamais que d’autres parents soigneux aient conservé ce modèle vintage eux aussi).
De concert les deux répondent:
« Oui » pour celui de 9 ans
« Non, non, on l’a trouvée là-bas » pour le petit. En montrant du doigt mon campement.
Sales gosses.
Coup de pelle.
(Non, je n’ai frappé personne… promis)
Pour les conneries, à vos marques, prêts…..
Pendant ce temps là, mes enfants s’étaient disputés bruyamment, avaient fait des batailles de sable et avaient tenté une usurpation de moule en forme de Flash McQueen.
Mais c’est pas pareil.
Bien entendu.