Bon, que ce soit bien clair.
Je ne donne presque jamais de conseils ici-même, parce que j’estime que je n’ai vraiment rien à enseigner à personne en terme de parentalité. J’imagine que je me vautre aussi souvent qu’un parent normal en ce qui concerne l’éducation, donc je m’abstiens quasiment toujours de tout jugement.
MAIS PAS AUJOURD’HUI.
Aujourd’hui, l’heure est GRAVE.
Aujourd’hui, des centaines d’enfants scolarisés, que dis-je, des MILLIERS, sont partis faire des classes vertes, classes péniche, classes de langue, classes découvertes, classe pas classe ou que sais-je encore.
Des TAS d’enfants sont partis avec leurs petits sacs à dos avec leurs petits camarades à petits sac à dos et se sont retrouvés, l’espace de quelques jours, sans vous, parents.
Ahhhh, oui, tu as souffert hein , c’était ta première fois ? C’est normal, on a tous, à un moment, ce petit souci avec ce cordon dans lequel on se prend les pattes.
Mais bon, au final ? Ça a été ? Ça s’est bien passé ?
Oui, il a ramené des poux, oh ça va, hein, fais pas comme si tu ne savais pas que ça tomberait sur toi !
Tu sais, les profs, ils ont tous bien compris que toi, parent, t’étais un chouilla traumatisé par cette petite escapade. Alors ils se sont adaptés.
A mon époque (c’est l’instant vieille peau), alors que j’étais encore en maternelle, ma mère m’a foutue dans un car pour partir une semaine faire une classe de neige et je suis pas certaine qu’elle ait eu des nouvelles durant tout ce temps, si tu veux tout savoir. Alors que bon, j’étais jamais montée sur des skis avant hein.
Moi non plus d’ailleurs, j’ai pas eu de nouvelles, mais je m’en foutais, j’avais apporté un Musclor et une copine avait Sheira, autant te dire que j’ai passé les meilleures soirées de ma vie à ce moment précis.
Faut croire que le stress parental est apparu après 1996, date de mon tout dernier voyage de classe, parce que je ne crois pas que ma mère n’ait jamais stressé pour moi en fait (et pourtant, j’etais partie à New York quoi, note bien, je m’éloignais de plus en plus, je montais dans un avion où on pouvait fumer, picoler et j’ai même dû remplir des questionnaires en jurant que je n’étais pas une terroriste, sans aide de ma maman).
Salut les nazes !
Non, aujourd’hui, c’est plus comme ça.
Aujourd’hui, les profs ont accès à des plateformes sur lesquels ils mettent des nouvelles des enfants touuuus les soirs.
J’imagine à quel point ils finissent leur journée sur les rotules en voulant se percer les tympans avec des cintres rouillés, mais NON, ils prennent le temps de venir raconter la siouper journée qu’ils ont passé tous ensemble.
Ces gens sont des dieux.
Et toi, parent, c’est super cool, tu peux COMMENTER ces petits récits quotidiens.
C’est là que je te le dis tout net : NE. FAIS. PAS. CA.
JAMAIS.
C’est NON.
Déjà, parce que ton gosse, hein, il joue aux cartes ou il roule une pelle à Sabrina derrière le réfectoire, il a autre chose à faire que de voir si tu lui as laissé un mot quelconque, donc à la base, tu perds un peu ton temps.
MAIS SURTOUT…
Comment veux-tu qu’ils se remette de ce genre de message. Je veux dire. Comment veux-tu CONCRÈTEMENT qu’il puisse construire sa vie sereinement alors que tu lui as écrit ce genre de choses publiquement.
« Bisous bisous ma gagouille »
SANS DECONNER ? « ma gagouille » ? Publiquement ? Je… C’est… Non mais non !
» Ta marraine te fais des bisous bisous »
ARRETEZ avec les bisous-bisous. Et puis je pense que Chouchou peut se passer des bisous de marraine pendant 4 jours, il VA survivre.
« Papy et mamy ont bien repris le train. Il y a eu un peu de retard, mais heureusement, il a fini par partir »
QUI. S’EN. FOUT ?
« Mon Barbouillou, tu nous manques tellement, ton petit frère te pleure déjà »
Le combo cucul-culpabilisant, ça se passe comment chez vous ? Bien ou bien ?
« on t’embrassent tendrement ma petite amour chéri »
Bon, outre le fait que c’est un peu chelou comme tournure de phrase, relis toi. Si. je te jure. Fais le. Ou n’écris juste pas en fait. Voilà.
« J’espère que ça va » (08/06 à 12:03)
« Coucou ! vous devez vous éclatez ! C’est tip-top » (08/06 à 14:08)
» Tu me manques mon choubidou » (08/06 à 16:32)
« J’ai fait du poulet rôti pour penser à toi comme tu adores ça » (08/06 à 19:01)
« Je t’en referai quand tu reviendras » (08/06 à 19:04)
« J’ai hâte que tu reviennes » (08/06 à 19:18)
« Bonne nuit et doux bisous, fais de beaux rêves » (08/06 à 20:37)
Normalement, vu que tu as transgressé toutes les lois relatives à l’humiliation publique de ton enfant, déjà, les profs ont blacklisté ton adresse IP pour que tu arrêtes.
Et éventuellement, des hommes en blancs sont venus te récupérer le 08/06 vers 21:06.
TU ARRÊ-TES !
« Ohhhh vous étiez trop chou dans le bus »
Alors, déjà, ok, respect, c’est bien, tu affiches pas ton seul môme, tu mets toute la classe dans le même panier, bien joué. Mais bon, quand même. C’est quand même NON.
« 2-1 pour L’OL à la mi-temps. je te tiens au courant de la suite, bisous ! Allez l’OL »
Si un jour tu te demandes si tu en fais trop… Oui. La réponse est oui.
« Bon courage aux profs ».
Bon, toi, t’as le droit, en fait, parce que les profs sont les seuls qui liront tous ces petits messages et ce sont surtout les seuls qui vont revenir en voulant partir en retraite de 8 mois au Tibet.
C’est tout ce que j’avais à dire.
NE. FAITES. PAS. ÇA.
Merci pour eux.
Ça serait tip-top.
Bisous-bisous.
Allez, file !
Et SURTOUT : ne te retourne pas !