Aujourd’hui, 2 Novembre.
Me reste 21 jours à tenir d’après Dr Machin, même s’il me dit que j’ai des chances de dépasser le terme et d’accoucher début décembre. Cette option est proscrite, complètement hors de propos lui ai-je répondu.
Toujours est-il qu’aujourd’hui, c’est la pleine lune, et que parfois, d’après d’occultes croyances auxquelles je n’adhère que par pure convenance personnelle, la pleine lune pourrait bien jouer sur les accouchements.
Bon, en vrai, ça s’appelle une légende, mais le genre de légende auxquelles tu crois dur comme fer quand tu commences serieusement à te traîner, quand les contractions sont juste insupportables (et font trop peur à Tony…bah oui, j’suis douillette, alors je fais un peu de comédie quand ça me prend).
N’empêche. Pleine lune qui m’envoie des ocytocines ou non, je vais bientôt voir la tronchounette de N°2.
Fini les nausées, les vomissements, les coups de chauds, les coups de sang, les hormones à fleur de peau, les larmes qui coulent toutes seules, les aigreurs d’estomac, les envies de chocolat (ah, non, ça, c’était avant déjà), les fantasmes de « à quoi ressemble mon bébé ». Fini les coups dans les côtes, l’estomac punshing-ball, les nuits sans sommeil (ah, non, ça, ça continue), les siestes de 2 heures.
Je m’en plains suffisamment pour que tout le monde ai bien compris que la grossesse n’est pas le moment le plus épanouissant de mon existence.
N’empêche.
Je perçois au fond de moi (tout au fond, hein), un début de nostalgite. A priori, nous avons opté pour un mariage avec 2 enfants, mon corps dit stop à la dégradation des lieux, mon coeur ne supporterait pas un stress supplémentaire.
N’empêche.
Comme la nature est une grande joueuse, tricheuse et nous manipule comme de vulgaires animaux sans cervelle, me voilà à regretter d’avance les talons de N°2 sur mon flanc, la fierté de voir ce ventre se détendre à l’infini, le stress d’avant examen et la joie quand on nous dit les 3 mots magiques « tout va bien ».
Je me vois déjà dans le tourbillon que cette nouvelle vie va engendrer. Plus le temps de rêvasser, le réel me rattrape.
N°2 va sortir de là, comme elle pourra, avec plus ou moins mon aide, et demain, je m’inquieterais de ses joues rouges, de ses pleurs inconnus, de sa sociabilisation, de son bien-être, de sa courbe de croissance, de sa rentrée des classes, de son premier coup de coeur, de son bouton sur le nez, de son premier échec, de son premier amour, de son avenir, de son présent, de son permis de conduire, du mec louche qui l’attend dehors, de son mariage, de sa grossesse… de ses enfants.
Je sens, ou plutôt je réalise que je vais devoir passer mon tour. Alors, fi de mes éternelles plaintes concernant la grossesse, juste pour aujourd’hui.
Aujourd’hui, je profite du moindre coup que la demoiselle daigne me donner.
Aujourd’hui, j’honnore la chance qui m’est donnée, contrairement à d’autres, de porter la vie.
Aujourd’hui, je suis impatiente de raconter ça à mes deux Numéros……. quand ce sera leur tour.