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Trabouleries

En avance.

Au détour d’une rue, j’ai tourné à gauche, comme ça, sans trop savoir. J’ai continué mon chemin, en regardant en l’air. On ne regarde jamais assez en l’air, alors que c’est là qu’on découvre les secrets les plus beaux de notre balade.

Chaque brique, chaque pavé, chaque inscription prenait son sens, à ce moment là. Un moment à part. Un moment qu’on se permet tellement rarement qu’il en devient précieux, presque magique.
Je suis perdue. Pourtant je suis bien. Une porte ouverte, je m’engouffre.
C’est le souffle coupé que j’admire une architecture d’un autre temps. Mon cerveau voyage tout à coup, j’entends quelques notes de musique, peut être un ménestrel cherchant l’écu ou un gramophone un peu poussiéreux… je ne sais plus bien où j’en suis, où je suis.

Toujours les yeux au ciel, je continue d’avancer en contemplant les allées sinueuses et obscures, presque lugubres, je suis tour à tour tisserand de la soie, résistante ou simple habitante. Je sens vibrer les murs remplis de secrets et d’histoire, j’entends murmurer l’insurrection, je vis.

Le coeur rempli de cette histoire qui m’échappe, j’atterris tout ailleurs, il fait froid, et les flocons tombent avec toute leur douceur sur le sol encore bouillant d’avoir tant vécu. Je savoure encore un instant la lenteur de cette neige muette qui s’efface sans un bruit, mourant en silence avant même d’avoir exister vraiment.

Le froid m’envahit, ma montre me rappelle à mon rendez-vous, il faut retrouver mon chemin et rattraper le temps, redevenir celle qu’il a rencontré la veille. Je pénètre l’épaisse fumée de cigarettes qui s’estompe progressivement, à mesure que mon œil s’habitue. Il est déjà là, et il sourit. Mon cœur s’emballe à nouveau. C’est LUI.

Voilà, autre chose, pour Sophie qui voulait connaitre « notre » Lyon.