Tu sais, je suis quelqu’un de très terre à terre.
J’habite en Cartésie (mais si ça existe, c’est à gauche en sortant du couloir) depuis que j’ai compris que mes peluches ne vivaient pas la nuit et que non, les petites étoiles que j’enlevais de mes balles rebondissantes pour les collectionner dans une micro-boîte ne me permettraient pas de m’envoler comme Peter Pan.
Du coup, ça enlève pas mal de magie à la vie, mais ça ne m’empêche pas de continuer à la regarder avec ce qu’il me reste de mes yeux d’enfant et à croire que c’est beau quand même, cette histoire.
Depuis toute petite, j’ai une amie qui me parle souvent d’astrologie, parce qu’on est les mêmes et qu’elle pense que c’est parce qu’on est « lion » et que les « lions », c’est comme ça, les lions, ça s’entend avec les Capricornes (je balance des trucs au hasard hein, j’y connais strictement rien, en vrai) et les Balances. Elle me parle aussi de trucs un peu tarés du genre, les voyantes, les guérisseurs tout ça….
Ça me fascine souvent, et sans me moquer, je l’écoute me raconter ses histoires, sans y croire vraiment, comme si elle me contait des légendes alimentées par un imaginaire sans borne.
N’empêche que l’année de mes 12 ans (ou de mes 9… ou 10, je ne sais plus trop), en plein été, ma peau avait décidé de faire apparaitre des tâches sur les joues et mon menton. On aurait pu croire que j’étais brûlée à certains endroits, et aucun dermatologue, cet été là, n’avait su quoi faire pour moi, me laissant mes croutes évoluées à leur guise.
Bien heureuse de n’être en âge de papillonner, je m’en fichais pas mal, mais c’était assez douloureux et j’avais peur que le soleil finisse d’achever ma peau sclérosée.
Cet été là, la tante de mon amie était là et m’a dit connaitre une guérisseuse. Il suffisait d’envoyer ma photo à la dame et elle me guérirait.
LOL (ouais, ça n’existait pas « LOL », mais j’aurais pu l’inventer à ce moment précis).
Crois le ou non, 10 jours plus tard, je n’avais plus aucune trace de ma maladie.
L’histoire est passée, je me disais que les coïncidences avaient fait le taf, et j’ai recommencé à me baigner et à me rouler dans le sable.
Il y a quelques mois, j’ai été très fatiguée. De cette fatigue qui t’empêche d’avancer, une fatigue « mentale » bien plus que physique, c’était plutôt bien relou, parce que je ne suis pas formatée pour me laisser aller, mais là, j’en avais plein le dos de plein de trop.
Parallèlement, je découvrais que mon amie Catherine, rencontrée au hasard de nos vies de blogueuses, avait appris le Reiki. Elle postait sur Facebook des trucs un peu chelous qui parlaient d’énergie, d’oracles et d’un tas de choses me dépassant complètement qui m’ont fait douter quelques temps de sa santé mentale ou de son adhésion à une secte mystique.
Du coup on s’est appelé, histoire de voir si tout allait bien quand même.
Elle m’a raconté qu’elle venait de passer son niveau 2 pour être praticienne de reiki et qu’elle s’était découverte des dons particuliers, genre j’ai compris au bout d’un moment qu’elle me parlait bien de don de guérisseuse…
Je l’ai écoutée me conter, elle aussi.
Du moment que les gens sont heureux, je ne me permets pas vraiment de juger du comment (enfin, si, hein, j’ai certaines limites dicter par des principes quand même).
Ce qui est bien, c’est qu’elle a gardé son humour et du coup, quand je lui demande une photo d’elle genre « vas y montre que tu manges des graines et que tu salue le soleil », bah elle le fait, elle s’en fout)
Comme on parle beaucoup, la discussion a duré des heures.
Je lui ai expliqué que je ne croyais pas à tout ça, que je trouvais ça très bien si les gens s’y retrouvaient, mais que bon, moi, c’était pas mon truc.
« Mais vas-y essaye ! T’as quoi à perdre ? »
C’était un peu comme si elle me disait « chiche ! »
Et moi, faut pas me lancer des « cap/pas cap », j’accèpte toujours.
« Je vais t’envoyer un « soin » en début d’après midi. Ensuite, tu prendras du temps pour toi, tu te relaxeras, tu diras que tu acceptes de recevoir l’énergie que je t’envoie et … tu me rappelles »
Déjà, note bien que Catherine a du cran, parce que je suis pas vraiment du genre à mentir pour faire plaisir, donc elle savait très bien que si ça merdait, j’allais un peu rigoler.
J’ai quand même tiqué sur l’histoire de dire que j’acceptais l’énergie hein, mais bon, j’étais plus à ça près, j’avais dit « cap », j’étais au taquet pour jouer le jeu jusqu’au bout à partir de là.
Dans l’après-midi, je me suis allongée.
J’ai mis un fond de musique relaxante, j’ai dit que j’acceptais l’énergie, ça m’a fait sourire, j’ai respiré par le ventre comme on m’avait appris quand j’étais petite et…
Je me suis endormie comme une grosse chiffe, sans même voir le truc arriver.
Je me suis réveillée 45 minutes plus tard un peu sonnée.
Elle m’avait envoyé un message en me disant qu’elle avait ressenti tel ou tel chose en moi. Que j’étais « vide » d’énergie et que j’avais des douleurs au niveau de l’épaule gauche qui remontaient jusqu’au milieu de mon crâne.
Catherine me connait et on avait discuter au moins 2h avant. Mais cette histoire d’épaule et de crâne, je ne lui en avais pas parlé.
J’ai fait lire ses ressentis à ceux qui me connaissaient le mieux et ils étaient bien embêtés, parce que tout était assez juste, ça appuyait là où il fallait et c’était assez déstabilisant.
Mais bon.
Le lendemain, quand le réveil a sonné à 7h, je me suis levée sans fatigue ni râle.
Ca a été le cas pendant plus de trois semaines d’ailleurs après ça.
Je ne m’énervais plus pour rien. Les petites choses du quotidien qui m’agaçaient étaient redevenues futiles. J’étais de nouveau patiente, efficace, de bonne humeur.
Je ne ressentais plus du tout la sensation de faire du sur place. J’arrivais enfin à avancer de nouveau.
Je me suis persuadée que c’était dans ma tête et que OUI, c’était grâce à elle mais que NON, pas forcément pour des histoires d’énergie (je suis HYPER têtue quand je veux).
Tu te rappelles de ma copine dont je parlais au début ? Je lui ai raconté et elle a fait un soin aussi, dans un moment où elle en ressentait vraiment le besoin.
Elle s’est endormie pareil. Elle s’est apaisée aussi. Reposée. Recentrée, et c’est ce qui lui manquait à ce moment précis.
Ca a duré moins longtemps que moi, mais ça lui avait fait du bien.
Alors voilà. Je n’ai pas d’explication à tout ça.
Je ne sais pas quoi en penser, parce que j’ai envie de continuer à vivre en Cartésie mais que j’ai un peu mis de magie quand même dedans histoire de ne pas refermer les portes qu’on m’ouvrait.
Je voulais quand même te raconter que Catherine existait et qu’elle m’a fait du bien.
Peut-être que tu te laisseras tenter, peut être que tu vas rigoler, vouloir me faire interner ou avoir des tas d’histoires du genre à me conter.
Je suis toute ouïe.
En attendant, je vais recommencer à fabriquer de la poussière d’étoiles.