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Etre mère, trentenaire et avoir une vie sociale et nocturne, c’est possible.

Voilà un titre qui devrait faire venir la femme au foyer cernée et quasi dépressive de n’avoir des conversations digne de ce nom qu’à la sortie de l’école, chez le pédiatre ou au téléphone quand elle a la chance de trouver une copine qui ne bosse pas (oh… on dirait moi).

J’ai toujours été intimement persuadée que mes enfants n’allaient pas bouleverser ma façon de vivre. Genre, je mangerai à n’importe quelle heure, je pourrai sortir, je continuerai ma vie, sauf qu’il allait falloir l’organiser de façon optimisée.

Je suis une fêtarde, je ne l’ai jamais caché ici, alors vous pensez bien que le point « je continuerai à sortir » était LE point sur lequel je n’avais aucunement envie de faire la moindre concession. Et en y regardant de plus prêt, j’y suis quand même pas trop mal arrivée jusque là. J’emmenais N°1 partout où nous étions invités et de temps en temps, je le laissais à garder.
Il faut dire que quand tu as un enfant avant tous les copains, ils t’invitent nettement moins souvent qu’avant, au cas où « ils dérangent »…
Ils dérangent? C’est sérieux ça? Ils dérangent quoi? A tout casser ils risquent de me réveiller s’il appellent après 21h30, mais j’ai une fierté, je ne vais pas leur avouer!

Bref, au bout d’un temps, quand on leur a expliqué (en pleurant) qu’il ne fallait pas qu’ils renoncent à nous inviter sous prétexte qu’au dernier anniversaire, on a dû partir précipitamment parce que le p’tit hurlait à la mort avec la nounou ou qu’on n’a pas pu être là (ni l’un ni l’autre) à la crémaillère de Miche-Linne pour cause de fièvre et râles inexpliqués (« nan mais tu rigoles, tu restes avec moi, tu vas pas me laisser avec le gosse qui va pas bien non? »), au bout d’un temps, donc, ils ont recommencé à nous téléphoner. Pour les grandes occasions en gros.

Ce week end par exemple, c’était la grande folie de notre vie sociale. 2 soirées coup sur coup. Même pas chez les mêmes (on a plus que 2 amis! On a plus que 2 amis!).


Vendredi soir: soirée dite « pépère » chez des amis. On prend les nains avec nous et on décide que tout le monde dormira sur place, bien plus simple que de réveiller les enfants pour prendre la voiture et risquer d’avoir trop bu pour faire tout ça correctement.

On trinque, on parle, on rigole, on trinque, on mange, on boit, on trinque, on se marre, on prend le dessert, on re-boit, on trinque, on est bien joyeux de se retrouver ce soir, on se dit qu’on est un peu fatigué, on se rend compte qu’il est 3h30, on tente de boire de l’eau avec un efferalgan et on s’échoue dans le lit où ronfle N°1.

Samedi matin: A 7h30 on a du mal à se dire qu’on a passé une bonne soirée car un gars a décidé de faire péter le marteau piqueur en frontal et on s’entend plus penser. Mais c’était bien. Mais là, tout de suite, donner un biberon n’a jamais été si compliqué. J’aurai dû allaiter, au moins je boirai pas (huhu).

Samedi, je ne suis que zombie. je ne sais même plus comment la journée a pu se dérouler. Il parait que j’ai quand même fait à manger et que j’ai tenu l’intendance des couches… Parfois, je me dis que j’aurai pu être Lara Croft, en fait. Parfois.

Samedi en fin de journée, alors que je me prends une radée en allant chercher N°1 à un anniversaire, j’apprends que Tony est rentré plus tôt du boulot et que franchement, j’aurai pu au moins débarrasser la table: ah mais c’était çaaaa? Je me disais bien que javais oublié un truc! Bon, j’ai un peu honte, mais j’ai pas vraiment le temps de me morfondre en excuses du genre que « nan mais toi t’as fait des siestes alors que pas moi nanana jsuis pas de mauvaise fois, nan jsuis pas feignasse, j’ai plus l’habitude et de toute façon c’est tout de ta faute si on a des enfants et qu’on peut pas dormir un lendemain de fête ». Je ne dis rien, je fais vite fait le sac de Clapiotte qui ira dormir chez des amis (les mêmes que la veille, tiens, ils avaient qu’à pas proposer alors qu’on avait trop bu) et nous, on embarque N°1 pour fêter les 30 ans du meilleur copain de Tony.


Samedi soir: N°1 est l’excuse général de tous les mecs présents pour jouer au foot dans le jardin. C’est mon excuse suprême pour rester à moitié morte dans le canapé en lui faisant des crapouillis dans les cheveux: « il est fatigué »: tu parles!
Boire relève du défi, quoi que dans mes souvenirs d’étudiantes, traiter le mal par le mal marchait relativement bien. Je tente le coup, mais je sens bien que je n’ai plus le même entrain que la veille.
Je tiens tout de même quelques conversations pour ne pas qu’on croit qu’avoir des enfants c’est aussi désespérant que le suppose mes traits. On offre des cadeaux, on mange du gâteau, on boit du champagne et la, misère, on danse.
J’aime danser. J’adore danser. J’adore faire la con en sautant partout sans craindre le ridicule. Et là, c’est le drame, mes fesses restent scotchées aux coussins, pas moyen de m’imaginer en train de bouger quoi que ce soit. Intérieurement, c’est le grand questionnement, qu’ai-je fait pour mériter ça? ne plus pouvoir enchaîner deux soirée de suite, est-ce donc là la fin de ma vie? Suis-je donc devenue ce que j’abhorrai en soirée; celle qui s’assoie en début de soirée et qui ne se relève que pour dire au revoir? Mon corps se met alors à bouger, je me dirige sur « la piste ». je bouge, je saute.
Pas très en rythme, mais je fais acte de présence. Et j’avoue, j’ai passé une bonne soirée. Une seconde fois de suite.

Epilogue:

Je me suis réveillée avec des courbatures: bien joué mamie!

On a récupéré Clapiotte avec un joli 39°. Elle tousse en non-stop depuis (bon, j’avoue, on le sentait arriver celui là). La 3ème nuit ressemblait donc vaguement aux deux précédentes, sans alcool, certes, mais la musique était assurée par Clapiotte et N°1 qui nous ont offert un magnifique concerto de toux en La mineur pendant 1 heure au couher, puis, en alternance, histoire qu’on n’ai que peu de répis, faut pas déconner.

Vers 1heure, le mec au marteau piqueur était revenu. Ah, non, c’est Clapiotte qui hurle.

Vers 3 heure, alors qu’une accalmie s’abattait sur la maisonnée, nous étions debout avec Tony, toute lumière éclairée, à chasser le moustique.
A 6heure, Clapiotte affichait un nouveau 40° d’accueil.
A 8heure elle faisait un débordement de couche sur le canapé.

Il n’est que 9 heure!

A 30 ans, parents, on peut quand même avoir une vie sociale.

Mais tout se paye.


Et vous? Vous sortez? Et vous payez cher le lendemain?

tiens, voilà, prends ça et vraiment: tais toi!