Les enfants grandissent et je commence enfin à pouvoir me détendre au niveau culturel.
Alors, certes, les sorties ciné ressemblent plus à des expéditions familiales sponsorisées par Disney, MAIS, d’un autre côté, l’âge des greffons aidant, on peut désormais au moins se faire plaisir sur les expos.
Moi qui vomissais l’idée de zoner des heures dans les musées quand j’avais leur âge, je leur fais découvrir des tas de choses depuis quelque temps, et à en juger par leur enthousiasme, il n’y a pas à chipoter : soit mes enfants sont nettement plus intéressés par la culture que moi à l’époque, soit je suis vachement plus douée que ma mère sur le choix des expos, soit les expos, les artistes et les musées savent de plus en plus parler aux famille.
Bref, en quelques jours, on a vu PLEIN de choses vraiment cool avec les Scotchs et il fallait que je vous en parle.
D’abord, l’expo Nés Quelque Part, à la Sucrière (Lyon 2), qui a été prolongée jusqu’au 27 mars et qui est VRAIMENT super.
L’idée, c’est que tu deviens, pendant 1h15, quelqu’un d’autre, dans un autre pays, et que tu t’immerges dans sa vie.
J’ai été Mamedoua, 28 ans, veuve, mère de deux enfants au Maroc. Je vivais dans un bidonville à Casablanca avec mon frère et sa famille. Suite au recensement en vue de la destruction des bidonvilles du pays, on me propose d’accéder à la propriété d’une parcelle de terrain pour y construire ma maison. J’ai donc fait des plans, les démarches administratives, aller quémander des prêts à la banque. J’ai dû lutter contre quelques européens voulant racheter ma nouvelle maison une misère, j’ai développer un petit commerce de proximité dans mon nouveau quartier et j’ai pu payer des études à mes enfants.
N°1, lui, était Muna, chef d’un village au Cameroun. Il se fait du souci car il y a un projet d’exploitation de la forêt dans laquelle il habite depuis toujours et a donc dû négocier au mieux pour les habitants de son village (création d’école, centre de soin, terrain de foot, rénovation de la route…).
On a appris les difficultés, les différences, les problématiques de nos pays respectifs.
Une expo qui te colle des frissons, des envies de crier, parfois, de te révolter, un peu, de te bouger, beaucoup.
Tout tourne autour des changements dont NOUS sommes acteurs et responsables, notamment à propos du climat et de la pauvreté.
A la fin de l’expo, on nous a donné à chacun quelques graines symboles de notre pays et de l’espoir lié à nos histoires respectives. Nous avons échangé ces graines (les enfants en ont mangé quelques unes avant que je leur explique que ce n’était pas le but).
A la sortie se trouvaient différents tubes où nous devions déposer nos graines. Chaque tube représentait une réponse à la question « comment vous sentez-vous par rapport à l’avenir de votre planète ? »
« Impuissant, engagé, inquiet, confiant, enthousiaste, pas concerné » étaient nos réponses possibles.
Alors que je choisissais « inquiet », les enfants ont TOUS déposé leurs graines dans « engagé ».
J’ai presque pas pleuré.
Mais cette expo là est bientôt terminée pour Lyon…. Alors parlons aussi de ce qu’il se passe au MAC (Lyon 6), dans un registre tout à fait différent !
Yoko Ono expose au Musée d’Art Contemporain de Lyon en ce moment et jusqu’au 10 juillet.
Alors je vais être tout à fait honnête, j’étais TRES septique à propos de Yoko Ono, le personnage que l’on connait (quand on a plus de 25 ans) m’étant assez antipathique. J’ai le préjugé corriace, d’autant que l’affiche de l’expo, qu’on voit partout dans Lyon, ne me faisait pas plus envie. Et puis les échos des premiers visiteurs m’ont titillé la curiosité, d’autant qu’on m’affirmait que ça pouvait être Kids friendly sans souci.
Je dit « pouvait » volontairement, car concrètement, si tu fais faire la totalité de l’expo à tes enfants, il est probable que quelques séances de psy soient à prévoir.
On a donc adapté pour les enfants, en évitant la salle noire et la salle blanche, et en adaptant notre discours concernant le champs de cercueils où poussaient des arbres.
On y a passé 2h30 sans voir le temps passé. L’expo est ultra interactive, on touche, on joue, on court, on écrit, on grimpe, on dessine et même, on plante des clous.
On réfléchit, aussi, avec les mots d’enfants et avec notre regard d’adulte. Je crois vraiment que cette expo, avec des enfants, prend un sens complètement positif et optimiste et développe à son paroxysme l’esprit Fluxus.
D’ailleurs, les enfants en ont fait LEUR propre expo, en participant plus qu’il ne fallait. On s’excuse d’ailleurs auprès de tous les gens qui se sont pris la vitre de la porte battante à cause de nos enfants leur désignant une fausse sortie (Note pour le MAC Lyon : on vous les prête, à l’occasion, si vous voulez).
Enfin, et parce qu’il fallait que j’en parle absolument, le quartier de la Guillotière / Bahadourian abrite depuis quelques mois et plus officiellement la Taverne Gutenberg, immeuble abandonné, investi par des artistes, et propose régulièrement des expos incroyables et, bientôt, bien plus encore, toute leur actualité est à suivre sur leur page Facebook, la ré-ouverture officielle se fera le 4 avril et les enfants sont les bienvenus (les bénévoles aussi d’ailleurs)
J’espère que ça t’as fait envie, parce que moi, en te le racontant, j’ai réussi à me convaincre qu’on était loin d’avoir perdu notre temps !
3 réflexions sur « (Du) L’art à Lyon pour les enfants (les expos kid friendly existent aussi) »