Une histoire de casting

Je suis ce genre de personne qui se fout pas mal du ridicule en règle générale.
Y’a qu’à voir quand on me  recherche dans google image, je suis pas très regardante.

Dans la vie de tous les jours, je n’ai aucun souci pour dire oui à une pub pour du PQ (même si ça me suit encore et encore aujourd’hui), ni pour faire la roue au milieu de la rue ou pour parler de mycose vaginale (si si, j’ai dû faire ça aussi à un moment).
Je m’en fiche, tant qu’on me propose un truc qui va potentiellement me faire marrer, je dis « ok, pas de problème ».

Un jour, alors que je discutais avec ma copine Marie du fait que tout de même, ça serait hyper cool d’avoir PLEIN de thunes de côté pour me sentir à l’aise concernant ma situation de freelance, elle m’a dit « faudrait faire un jeu TV et gagner des sous »

J’ai rigolé.

Elle nous a inscrit au casting de Money Drop dans la foulée.

J’ai re-rigolé.

Pis y’avais déjà Cynthia et Valérie qui l’avaient fait, donc bon….

Et puis 15 jours après, on avait un mail qui nous donnait rendez-vous à Paris dans les studios de l’émission pour passer le casting.

« On y va ? HAHAHAHA MAIS OUI ! »

J’ai jamais fait ça, et ça manquait vraiment à mon palmarès des expériences étranges.

On s’est rejoint toutes les deux pas loin du lieu de rendez-vous, autour d’un café, histoire de se rendre compte qu’on s’était pas vraiment renseigné sur l’émission et du casting en question.
Pas grave, on va se marrer.

On s’est pointé à l’heure et on a vu une looooongue queue de pleiiiiin de gens.

Ah, ouais, quand même.

On nous a fait rentrer dans un genre d’énorme hangar où une centaine de chaises étaient disposées, au milieu, avec, en face, une petite table et deux autres chaises.

Deux « casteuses » nous ont demandés gentiment de prendre place et nous ont briefés sur le casting en question.

Le casting de Money drop se déroule en 3 parties.
D’abord, à l’inscription sur le site où on se présente. Ca, c’était bon.
Puis, sur place, on doit se présenter, par binome, devant les autres, en 2 minutes.
Enfin, si on passe cette étape, on a le droit de passer un QCM de culture générale, de remplir un questionnaire nous concernant (ça doit être là où ils piochent des trucs hyper riducules à ressortir pendant le tournage) et on finit par faire une simulation d’une question de Money Drop, en situation.

Wokayyyy.
On s’est regardé avec Marie en rigolant, parce que la présentation devant 100 personnes, sans avoir préparé quoi que ce soit, autant vous dire qu’on n’était pas vraiment prête.

On a regardé des gens passer. Y’en avait plein qui avaient préparé leur speech à fond, avec phrases chocs prononcées à l’unisson.
C’est le moment où tu te rends vraiment compte que tout le monde ne sait PAS jouer la comédie, c’est un vrai métier.

On faisait nos pronostics avec Marie, en se bidonnant et en se disant qu’on allait vraiement etre ridicule.

« Marie et Natacha »

HA ! Allez, hein, on n’est plus à sa près.

Ce qui est cool quand tu es avec quelqu’un que tu connais bien, qui est un peu comme toi et que tu apprécies particulièrement, c’est que tout, même un casting à Money Drop, devient assez naturel.

On a déclaré qu’on avait des comptes à régler avec la télé, rapport à une sombre histoire de fromage pour Marie sur un plateau de jeu TV et de ma pub pour le PQ. On a aussi dit que si on gagnait, on se cassait en voyage.
Loin.
Et sans enfant.

Y’a des gens qui ont rigolé. C’est hyper bon pour l’ego cette histoire de speech public, j’avais un peu l’impression d’être Florence Foresti à l’Olympia.

Mais dans un hangar.

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Ensuite, une fois que tout le monde est passé, on nous fout dehors le temps des « délibérations ».
Globalement, on venait de passer 1h et quelque à écouter des inconnus se présenter plus ou moins finement, plus ou moins drôlement, plus ou loin ridiculement, aussi.

Dehors, un monsieur qui s’était présenté avec son beau)fils au casting me propose de me ramener à Lyon en voiture plutôt que j’aille prendre mon train.

A ce moment là, Marie, cette traitresse, se marre et me tourne le dos, histoire de me laisser me démerder seule avec un gars qui se croyait visiblement dans Tournez Manège version Tinder.

J’ai poliment refusé. 3 fois. Au cas où je n’étais pas bien certaine d’être plus saine d’esprit que j’en avais l’air, il avait effectivement cru bon d’insister lourdement, rapport que j’étais pas drôle, finalement.

Quand on nous a rappelé à l’intérieur du hangar pour nous annoncer les heureux élus qui allaient continuer le casting, je priais pour ne pas être dans le même groupe que lui, quel qu’il soit.

100 personnes.
50 binômes.

« On va appeler ceux qui continuent, les autres, vous pourrez partir ».

« Marie et Natacha »

Ha bah tiens, on est les premières à passer. On se regarde un peu interloquées, rapport qu’on s’y attendait pas trop. On réalise qu’on fait genre « ouais, normal » alors qu’on fond, on se rend compte que SI CA SE TROUVE, dans 2 mois, on se ridiculise à la télé devant tout le monde.

Nous ne sommes plus que 5 binômes dans le grand hangar. On se félicite les uns les autres d’être des genres de rescapés de la présentation ridicule et on nous donne des papiers.

Mettez votre adresse sur l’enveloppe vierge. Elle vous sera renvoyée chez vous si vous êtes recalés. On appelle ça « la lettre qui pue », dans le milieu.
Je dis à Marie de coller sa propre adresse, je suis contre les lettres qui puent, moi.

Puis, c’est parti, on doit remplir un QCM en quelques minutes… Je ne sais plus trop, 70 questions en 15 ou 20 minutes à peine, quelque chose dans le genre.
Alors go.
Sachez que je suis vraiment une quiche en dates historiques ET en culture people. Oui, je suis incapable de te dire comment se nomment les jumeaux de Celine Dion (je ne savais pas d’ailleurs avant ce jour qu’elle avait des jumeaux).

On s’auto corrige les uns les autres après ça. Je crois que je dépasse la moyenne à quelques points près. Marie prouve à tout le monde qu’elle nous éclate, et de loin, je déclare donc que c’est ma caution anti-loose si jamais on devait continuer cette drôle d’aventure. Mon Joker Jean-Pierre. La béquille de mon ignorance culturelle.

On nous emmène ensuite dans une petite pièce où on doit remplir ce que je dénommerait le questionnaire du bouffon, car je suis persuadée que c’est là dedans qu’ils piochent les trucs risibles à ressortir pendant l’émission pour  nous afficher devant les téléspectateurs.
Je joue évidemment le jeu, hein, je t’ai déjà raconté que l’absurde et moi, on était plutôt en bon terme.

« Natacha et Marie, c’est à vous »

Ha. On rentre dans une pièce où les deux casteuses nous attendent. Une petite caméra sur un trépied est là, face à une table.

Ok.

« Nous allons simuler une question de Money Drop. Il va falloir faire comme si vous y étiez, réfléchir à voix haute et miser »

Ok.

Une des filles pose 2 feuilles A4 sur la table.
On doit choisir le thème de la question.
« Séries americaines » ou… je ne sais plus.

J’arrive à convaincre Marie que « série américaine », je cartonne. Parce que ouais, ok, je ne sais pas à quelle date l’arrière petit fils de Charlemagne est mort, MAIS je suis très riche niveau éducation télévisuelle.

La casteuse met 4 nouvelles feuilles A4 sur la table avec les réponses proposées.

« Buffy contre les vampires », « Friends », « Dawson » et « Ally Mc Beal »

« Quelle est la série la plus ancienne ? »

Marie m’avoue que bon, elle y connait pas grand chose. Je dis que je gère. La fille derrière la caméra nous dit que le chrono va commencé et qu’il faut se décider maintenant.
Marie dit Dawson. Ou peut etre Buffy.
Je dis Friends. je suis sure que c’est Friends, j’étais en Allemagne à l’époque, j’avais un poster derrière ma porte, je me souviens. Le doute s’installe quand même (faut dire qu’en Allemagne, parfois, ils avaient un peu de retard, y’a qu’à voir comment je me fringuais).

« IL FAUT MISER MAINTENANT DEPECHEZ VOUS » nous crie la dame.

On panique complètement. Je crois même qu’on pousse des petits cris hystériques en disant « on fait quoi ? on fait quoiiiii ? »

On est dans une salle sans vitre, face à une caméra de 10cm et de feuilles A4 et on s’y croit à fond quand même, on imagine Laurence Boccolini se foutre de nous et les projecteurs se figer sur nos faces déconfites parce qu’on sait paaaaaas.

On commence à mimer la pause des liasses sur les « trappes » représentées par des feuilles.

« on va mettre 50 000 sur Buffy, au cas où, pour assurer »
« Ouais, ok. Je mets 30 sur Dawson, tu m’as mis un doute. Allez et on met le reste sur Friends »

On fait mine d’installer nos liasses sur les trappes, comme à la télé.

« Mais… Vous faites quoi là ? » nous lance la fille derrière la caméra.
Elle a l’air de pas comprendre. Vraiment.

« Bah… on mise ! »

« Non mais vous avez des liasses à côté de vous, faut pas mimer »

HA.

OUAIS.

On n’avait pas vu les simili-liasses.

Ca fait 2 minutes qu’on mime avec du vent nous.

Les reines de la simulation (coucou chéri !).

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On tente de garder la tête haute et on balance sauvagement les vraies-fausses liasses sur les trappes pendant que la fille hurle « 5… 4… 3…2…. »

On a fait a peu près n’importe quoi mais il y a l’air d’y en avoir plus sur « Friends » quand même, mais surtout, on glousse en imaginant la scène qu’on vient de jouer vue de l’extérieur.

La fausse présentatrice se tient devant nous et d’un grand mouliné de bras fait tomber les liasses misées sur « Buffy ».
On se marre. Surtout parce qu’on est à la fois sous stress et sous le contre coup de notre action ridicule.

« J’ai jamais vu des gens rigoler de perdre 40 000 euros »

WOW HEY ça va hein on essaie de se détendre ON EST STRESSÉ DE LA SIMULATION LA !

Finalement, c’est bien Friends. On a hurlé comme si on avait vraiment gagné plein d’argent.

Sincèrement, si un jour l’une de nous deux devenait célèbre et que cette vidéo ressortait en tant que casserole, soyez indulgents. S’il vous plait. Non, vraiment, je vous en supplie.

« Maintenant, vous avez 10 secondes pour convaincre la prod que c’est vous qu’il faut prendre »

On était connecté à un tel niveau, à cet instant là, avec Marie, que sans se regarder, en même temps, avec le même ton, on a dit bien fort :

« Bah déjà, parce qu’on est drôle ».
Du coup on a pouffé.
On avait fini.

On est reparti chez nous.

Et depuis, on attend toujours la lettre qui pue ou le coup de téléphone qui voudra dire que tu pourras te moquer de nous dans ton salon un de ces quatre, et on se marre de honte à chaque fois qu’on raconte cette histoire de mime des liasses.

money drop

 

 

 

 

 

2 réflexions sur « Une histoire de casting »

  1. J’ai eu grand plaisir à lire ton billet alors j’espère bien vous voir dans ma TV. En plus c le genre de trucs que je n’oserais jamais faire alors je suis admirative :-)

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