Archives par mot-clé : sans enfant

le choix du « nous »

Il y a des choix que je récuse, parfois même violemment car ils sont pour moi inacceptables. Il y a des choix que j’abhorre tant ils violent la dignité humaine. Il y a des choix que je ne comprends pas et qui me laissent septiques. Et puis il y a des choix que j’admets, que j’admire aussi, parfois, des choix de vie que je n’ai pas fait en prenant le choix d’une autre option, qui me convenait à moi et à ma vie.

Mises à part quelques exceptions qui me rendent malades et sur lesquels je ne transigerais pas, je tente, autant que mon côté humain me le permet, d’accepter le choix des autres, même s’il diffère du mien, et je lutte aussi pour tenter de ne jamais juger, parce que rester à l’écoute de l’autre m’a toujours paru une solution bien plus pacifique et constructrice que l’inverse.

Lundi soir, pendant une soirée à laquelle j’étais invitée, j’ai fait la connaissance d’un couple.

Ils étaient mignons, tous les deux. Et sympas, gentils comme tout. La quarantaine et toujours amoureux comme au début d’une relation, comme des ados, un peu.

Au fil de la conversation, ils apprennent que j’ai laissé mes enfants à Tony et sont supers contents de voir que certains arrivent à se faire plaisir en organisant des sorties « l’un sans l’autre », histoire de souffler un peu. Eux? non, eux, ils n’ont jamais besoin de souffler, l’un sans l’autre, ça n’existe pas, mais ils me comprennent, c’est agréable. Eux, jamais séparés, ça voulait aussi dire qu’un enfant ne pouvait venir perturber leur petit équilibre.

Ils encaissent des remarques chaque jour à propos de leur choix, ils savent à quel point, si l’un venait à disparaître prématurément, ce serait difficile de ne pas avoir un petit bout de l’autre, ancré dans un enfant. Mais c’est leur choix, le choix qu’ils ont fait pour eux, un choix qu’ils assument complètement, avec les risques qu’il comporte mais aussi avec toute la liberté qu’ils s’octroient en le faisant.

Le choix de faire un enfant parait tellement évident quand on est une femme qu’on oublie que certaines ne pensent pas du tout comme cela.

J’ai vu ce couple tellement uni, tellement heureux que je me dis que quelque part ils ont fait leur bon choix, parce que faire un enfant fait valser le couple originel dans tous les sens et qu’il est parfois bien difficile de le maintenir, le contenir et l’empêcher de s’effriter.

Évidemment, pour rien au monde je n’aurai pu choisir de vivre cette vie là, j’ai toujours voulu des enfants et malgré tout ce que je peux dire, ils me le rendent bien. Mais jamais je ne pourrai me permettre de juger ce choix là. Jamais.

Que l’on fasse l’un ou l’autre de ces choix, le couple assumera un tas de responsabilités et traversera ses crises. Il encaissera les remarques de « ceux qui savent mieux », l’un se battra pour continuer à exister , l’autre se battra pour faire accepter son choix.

Ce soir, là, sans jugement, entre personnes dont les choix étaient diamétralement opposés, c’était bien.