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Te raconter une belle histoire

Ca ne t’aura pas échappé, je suis lyonnaise et j’aime particulièrement ma ville.
Je suis née ici seulement et n’y ai habité qu’à partir de mes 15-16 ans, pourtant, j’en connaissais quelques traditions déjà petite.
Parmi elles, le fameux 8 décembre.

Nombre d’entre vous associe le 8 décembre à la Fête des Lumières, ce grand rassemblement sur plusieurs jours, dans la ville, faisant danser les murs de nos plus beaux monuments, en son et lumière et organisation aussi onéreuse que draconienne.

Je ne crache pas sur la Fête des Lumières. C’est une belle fête. Une fête où le lyonnais de base ne met pas un pied dehors, laissant les longues heures de piétinement aux touristes, mais une belle fête au final.

Mais le 8 décembre, c’est autre chose, au départ.
Le 8 décembre, c’est le jour où les lyonnais allument des lumignons et les déposent sur le rebord de leurs fenêtres.
C’est le jour où on se rassemble par la lumière.

Oui, oui, ça fait un peu grande secte spirituelle, mais quelque part, c’est un peu ça.

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Pour l’histoire, un peu rapide, c’est en 1852 qu’on devait célébrer l’inauguration de la statue de la Vierge Marie à Fourvière. Sauf qu’une inondation repoussa l’inauguration du 8 septembre  (fête de la naissance de la Vierge) au 8 décembre (fête de l’immaculée Conception).
Ce jour là était prévues des tas de festivités pour l’occasion, dont un grand feu d’artifice. Pas de bol, une pluie torrentielle vint une nouvelle fois s’abattre sur la ville et tout fût annulé.
C’était sans compter sur une éclaircie à la tombée de la nuit et l’envie des lyonnais de célébrer ça envers et contre tout.
Dans une grande inspiration improvisée, « tout à coup apparaissent à quelques fenêtres inconnues des lignes de feu… La ville s’était embrasée en un instant. Bientôt, il ne restait plus, sur la vaste étendue des quais, des rues, des passages ignorés et des cours invisibles, aucune fenêtre obscure. Les petits marchands, les clochers, illuminaient leurs baraques, leurs voitures et jusqu’aux bordures des trottoirs… Quelques feux de Bengale s’allumèrent sur les toits de la chapelle de Fourvière, la statue de la Vierge apparaît et la grosse cloche de Saint Jean, cet éloquent interprète des joies publiques, est lancée à toute volée. A huit heures, la population entière était dans la rue, circulant, paisible, joyeuse et attendrie. On se serrait la main sans se connaître, on chantait des cantiques, on applaudissait, on criait : « Vive Marie !  » Les étrangers n’en revenaient pas de leur surprise, et les Lyonnais, tout remplis qu’ils étaient de cette fête improvisée, se demandaient comment, en un instant, une population de trois cent mille âmes avait pu être saisie de la même pensée ».

Voilà, le lyonnais qui lâche rien venait de créer les Illuminations, une institution dès lors.

Nous allumons donc, certains religieusement, d’autres simplement par tradition, nos petits lampions, chaque 8 décembre.

Et lorsque tu es n’importe où dans le Monde, si tu es dehors à la tombée de la nuit et que tu lèves les yeux, tu croiseras certainement quelques lumignons à des fenêtres, parce que même loin, on y tient.

Cette année, la Fête des Lumières a été annulée pour raison de sécurité dans la ville, étant donné les événements de novembre, la prudence était de mise.

Sais-tu donc ce que les lyonnais ont fait ?

Ils ont redoublé ou simplement remis, la tradition s’effacent peu à peu avec la grande fête des lumières, leur lumignons à leurs fenêtres et sont sortis dans les rues contempler le spectacle silencieux des petites flammes dansant au gré du vent.

Alors voilà, tu vois, les grands décideurs, les gros vilains méchants ou les pluies torrentielles ne seront jamais aussi puissants que la volonté d’un peuple qui veut continuer de voir briller sa ville et danser sa vie.

Et c’est vraiment joli.