Il y a peu de temps, je changeais ma « bio » twitter en mentionnant que j’étais la fille de François Pignon.
C’est un fait.
Et ça n’a jamais été autant le cas qu’hier.
Ma vie, c’est Dallas.
J’ai même un côté Sue Ellen un samedi par mois.
Hier matin, j’avais rendez vous pour une interview pour Le Progrès. Commencer la journée façon people d’un jour, c’est quand même quelque chose d’un peu fou, quand on y pense.
J’ai enchainé avec un petit rencard à la librairie de mon quartier pour organiser des séances de dédicaces sur Lyon. Vie difficile.
Bon, derrière, j’ai dû me farcir un aller retour de 40 minutes juste pour payer ENFIN le club de tennis de N°1, puisque visiblement, le mercredi matin, penser à la raquette suffit à occuper la totalité de mon cerveau. Depuis un mois donc.
Le tennis de N°1, c’est à Gerland. Aller à Gerland un jour de match OL-Juventus, c’est carrément suicidaire. J’avais donc bien calculé mon coup pour arriver tôt. Ce qui ne m’a pas empêché de tomber sur un car d’italiens fortement perfusés à la bière qui avaient les festivités faciles et qui m’ont embringuée un temps dans une ronde endiablée devant le stade.
En même temps, je suis joueuse, et j’ai un Master 2 en ronde.
Retour dans la vraie vie, j’avais un rendez vous avec une copine pour bosser un peu, c’est pas tout de danser la gigue.
En un coup de métro, j’arrive dans mon quartier où j’attends mon bus.
Je check mes mails sur mon téléphone, puis mon facebook, mon twitter, mes mails, mon instagram, mes mails, mon facebook, mon twitter, mes mails… Je lève les yeux pour voir que je viens de tuer 2 minutes. PLus que 3 avant l’arrivée du bus.
Je re-check mes mails, mon faceb…. Mon téléphone disparait de ma main.
Il était là et POUF, il était plus là. Je tourne la tête en constatant qu’il est dans la main d’un jeune petit con de merde qui court.
OUH PUTAIN, j’ai crié. Et j’ai couru. J’ai couru. J’inspirais fort et je hurlais « ARRÊTEZ LE » en expirant. Sans m’arrêter.
Je courais drôlement vite.
Je criais drôlement fort. Je traversais des rues, je prenais des raccourcis. C’est mon quartier.
ARRÊTEZ LE !
« Elle courent vachement vite tes baskets » m’aurait dit N°1.
Je cours encore. Je cours tellement vite dites donc…
Mes jambes courent seules, mes cordes vocales alertent les passants qui me regardent comme si je venais d’une autre planète.
C’est qui cette folle ?
Pourtant lui aussi il court.
Mais c’est moi qu’on regarde.
Il court mais je suis derrière lui. Pas loin. Je cours aussi vite que lui et j’ai jamais aimé perdre à la course.
Il tourne la tête et perd un mètre ou deux. Je suis pas loin t’as vu ?
ARRÊTEZ LE !
Il jette mon téléphone sur le trottoir et continue sa course. Moi aussi. Il ne s’en sortira pas comme ça.
STOOOP ! ARRÊTEZ LE BON SANG !
10 hommes, 15 peut être, lui tombent dessus.
Je tombe par terre.
Il devait bien mal connaître ce quartier pour passer devant ce café bondé toute la journée.
Un énième homme me ramène mon portable et me porte jusqu’au café. Les autres me ramènent le voleur qui se sent bien minable de s’être fait courser par une fille deux fois moins grande mais deux fois plus vieille.
DÉGAGE !
Presque remise de mes émotions sous le regard bienveillant de ces bons samaritains, je retourne à mon bus. En boitant un peu. Bon ok, beaucoup.
Je rejoins mon amie.
La vie reprend son cours.
On finit la journée en fêtant mon livre au champagne.
Ma vie c’est Dallas.
Mais je cours drôlement vite.