A l’instant même où le petit trait apparaissait sur ma tige à pipi, je commençais à me caresser le ventre, comme s’il allait déjà dévoiler ce qu’il abritait.
Pourtant, je n’avais pas prévu ça.Comme à mon habitude, j’avais oublié une pilule, un jour. Comme à mon habitude, cela ne m’avait pas tellement paru grave.
Mais cette fois ci, par la magie du corps humain, j’ai senti qu’il s’était passé quelque chose. Alors j’ai compté les jours qui me séparaient du virage de ma vie. Je le savais, mais je ne pouvais pas croire que mon corps m’alertaient de ce chamboulement aussi vite, et aussi clairement.
Au douzième jour, donc, l’investissement dans une tige à pipi était de mise. Elle confirmait avec un trait à peine visible ce dont je me doutais déjà. De retour chez moi, l’annonce à Tony fût prise avec un self control inadéquat mais révélateur. Au fond de nous, nous étions déjà prêts. Et c’est ainsi qu’à à peine 24 ans, nous avons pris le chemin de la parentalité.
C’est une fois cette nouvelle digérée que nous nous sommes rendu compte de la supercherie. personne ne nous avait prévenu, bien entendu, et nous sommes tombés dans le panneau qui disait « tu verras, ça va être magique ».
Moi, dans « magique », je voyais déjà des étoiles qui s’illuminaient sous mes pas légers, des sourires d’admirations devant ma progéniture, des sourires béats sur nos visages de parents conquis et heureux, un bébé joufflu et souriant, nous prouvant chaque jour à quel point la vie était un cadeau.
Et puis, déjà, dès l’accouchement, que dis-je, dès les premiers mois de gestations, j’ai compris que pour chaque tour de magie, il y avait un « truc ».
Le « truc » que tu vomis », le « truc » que tu pars en césarienne d’urgence », le « truc » qu’on essaye de te vider façon tube de dentifrice, le « truc » qu’en fait t’avais pas grossi que du ventre…
Et puis après, on a découvert le « truc » des hurlements inexpliqués. Le genre de hurlement qui te mettent le cerveau à l’envers, qui te détruisent le tympan gauche (à vie), que tu n’arrives pas à calmer, même après tous tes « trucs » à toi (couche, biberon, câlins, chants sataniques). Le jour où le bébé s’est mis à se tortiller comme un psychotique et à pousser des couinements qui nous faisaient croire que nos oreilles nous faisaient tester la joie des acouphènes, nous avons définitivement compris que le rêve de magie n’existait pas.
Nos yeux pétillaient d’angoisse dorénavant!
A 2 mois et demi, N°1, alors dans le bain avec son papa, se faisait masser la tête avec du shampoing quand je fût alerter par Tony par un « tu peux venir voir? ». La phrase en elle même mît tous mes sens de mère en alerte: « et merde, qu’est ce qu’il y a encore? »
Je contemplais le crâne de N°1 avec stupéfaction. Là, sous ses cheveux, Tony « malaxait » une sorte de bosse molle.
« C’est quoi? »
« aucune idée »
Appel chez le pédiatre, on me demande de voir le lendemain.
Le lendemain, la bosse avait grossi, évidemment. On aurait cru un implant de silicone greffé sous son cuir très chevelu.
J’ai dû courir chez un tas de docteurs supras diplômés, faire faire des radio-écho-scanner à ma petite bestiole… Personne, non, personne n’a su ce que c’était. On m’a sorti, une fois, que c’était le résultat du cephalhématome que N°1 avait eu à la naissance (la faute aux forceps). Oui…bon….2mois et demi plus tard, je trouvais ça pas très convaincant, d’autant plus que le céphalhématome en question était de l’autre côté de son crâne, à l’époque. bref, un truc inexplicable.
Et puis c’est parti, un jour, sans prévenir.
Après, à 18mois, N°1 avait décidé un matin de se mettre à hurler au moment de l’enfilage de chaussures. Impossible de lui faire mettre le pieds par terre. Après avoir suée pendant une heure, je renonçais. Dans la journée, je constatais que mon gnome était boiteux.
Verdict: Rhume de Hanche.
« C’est rare aussi jeune » dixit le pédiatre.
Je vous passe la joie d’interdire à un gosse de 18mois de marcher. C’était fantastique.
Oui, mais nous, on fait que dans le rare et les maladies inconnues, sinon c’est moins grisant!
A ses 3ans, en rentrant à la maternelle, N°1 a eu droit à la visite du medecin de PMI, suite à laquelle j’ai eu un petit courrier me spécifiant que mon nain était bigleux.
Jusque là, on ne s’était rendu compte de rien, alors je ne voulais pas croire qu’il avait 2 et 3/10eme.
Verdict: et ben si, il voyait que dalle depuis sûrement sa naissance, mais s’était totalement adapté. Bon, c’est de l’astigmatisme, donc, on comprend pourquoi. ce qu’on ne comprend pas, c’est d’où il sort ça. On est pas vraiment porté sur la lunette chez nous… enfin bref… « ça arrive » il paraît. Mon problème avec ça, c’est que je suis une phobique des yeux, l’ommétaphobie, je crois qu’on dit. Donc, chez l’ophtalmo, je me suis mise à pleurer, tétanisé devant mon fils…ça craint!
Et puis, là, récemment, N°1 était un peu dans la lune. Je mettais ça sur le compte de l’arrivée récente de N°2. Mais un matin, alors que je venais de répéter 4fois la même chose, je me suis mise derrière lui et lui ai chuchoter quelque chose. Il n’a même pas tilter. Par crainte du pire, j’ai filer chez l’ORL.
Verdict: perte de 40% de son audition. Ah, quand même.
Cette perte est due à une réaction allergique, qui ferait gonfler ses trompes d’Eustache et donc, lui ferait perdre ses capacités auditives. C’est « très rare »… oui, je commence à me rendre compte que mon fils est très rare.
Mes accouchements aussi ont été qualifiés de « très rares »… il paraît que ce que j’ai eu, ça n’arrive qu’une seule fois dans la carrière d’un obstétricien. Ben moi, ça m’est arrivé deux fois en 4ans et demi!
Comme le cerveau est bien fait, on a remis le couvert avec N°2… on attend donc de voir ce qu’elle va nous faire subir.
On nous avait pas prévenu en même temps……
NOTE DU SOIR: Il me semble bon de préciser que la surdité de N°1 est réversible, vu que c’est une allergie….je voulais paniquer personne hein!!!!! :D