On va pas se mentir, tout est question d’argent, et encore plus quand tu emménages. Je raconte même pas à quel point il est question d’argent quand on devient propriétaire!
Comme si on nous mettait une grosse ceinture de chasteté de la dépense incongrue:
un café?euh…..
Tu sors ce soir? euh…..
T’as vu la nouvelle robe en vitrine? Non!
Attention, je ne me plains pas, c’est juste que, bon, là, je me suis restreinte sur les coups en terrasses et les jolies petites robes pendant 9mois, alors bon, enchaîner avec un porte monnaie troué, c’est rude. (bon, ok, la petite robe itsi-mini-jolie je peux l’oublier de toute façon vu mes doubles genoux).
Bref, nous, on vient de s’endetter pour 25ans, avec le sourire, en plus de signer 2mois plus tôt pour une deuxième sangsue dans nos locaux. Autant dire qu’on est plein d’entrain comme couple, on y croit toujours…c’est beau l’amour..et l’espoir aussi!
Et puis est venu le temps des travaux, oui, parce qu’à ce prix là, c’était travaux inclus, évidemment.
Bientôt, je vous prouverai à quel point je suis dévouée aux désirs de mes enfants, puisque je me suis transformée en véritable décoratrice (non, mes chevilles vont bien, et de toutes façons, vu le temps que j’y ai passé, le jour où je vous montre, il y a obligation d’applaudissements!), mais pour l’heure, je vais parler du tue-l’amour que peut être le géant suédois, le grand manitou du meuble en kit, le big boss de la vis qui manque (c’est bon? z’avez saisi?).
Nous voilà donc armés de nos idées et de notre budget (en même temps, c’est pour ça qu’on est là, sinon, j’aurai appelé le cuisiniste architecte italien qui est au coin de ma rue avec ses cuisines à 60000 euros).
Première bourde: écouter les gens: « tu verras, y’a moins de monde pendant les nocturnes ». Quand on s’est pointé à l’heure de fermeture habituelle, effectivement, il y avait moins de monde. Sauf que tous ceux qui restaient s’étaient donnés rendez-vous aux cuisines. Le panneau avec des chiffres et des lettres mais sans Laffont ne clignotait jamais, on est resté assis là pendant des heures, à attendre que d’autres renoncent avant nous.
Au bout de ces heures d’attente, on était à bloc, le type annonce le B602, c’est à peine si on a réagi tellement on n’y croyait plus. Les gens nous ont regardés passer devant eux avec ce qui leur restait de leur petite flamme d’envie dans les yeux, et l’oeil morne, sont retournés à leur catalogue, devenant ainsi, sans s’en rendre compte bilingues français-suedois.
Pendant cette soirée palpitante, nous avons tout de même eu la chance de tomber sur un chouette vendeur qui a bien fait son travail et qui donc a doublé mon budget cuisine puisque bien entendu, j’avais omis d’y compter les poignées, les plinthes, les schmurtz et les trucs hypers importants.
Il nous a aussi dit: « si vous passez commande maintenant c’est à emporter sous 6jours ». Ouais, ils sont comme ça, tu veux, tu payes et t’embarques! On n’avait pas prévu le coup de couteau dans le dos, on était bon pour y retourner. FAEN (oui oui, bilingue suedois je vous dis!)! 2ème erreur!
Le bon Monsieur Ingvar qui s’appelait en fait Maurice avait eu la bonne idée de nous prévenir que le mieux, c’était à l’ouverture, mais qu’il ne fallait aps avoir peur d’assister à une sorte de pugilat en règle lorsque le tourniquet se mettait en route. C’est là que Tony entre en scène. Pour lui, pas question d’attendre encore des tas d’heures qu’il préfèrerait passer à passer l’aspirateur. A peine le tourniquet se met-il a tourné qu’il se faufile derrière un homme plus jeune que lui (et donc, par définition, logiquement plus rapide). L’homme court, des troupeaux de femmes avec leur mères sont à ses trousses. Tony talonne le tout. L’homme bifurque sur la gauche, un raccourcit, Tony le suit dans la chicane et continue son chemin, le stress monte, il ne reste plus beaucoup de chemin avant leur Graal, l’homme rate son virage et Tony le dépasse en retenant un bras d’honneur puisqu’il sait garder la victoire modeste, hors d’haleine, Tony arrive le premier, fier comme un paon et plutôt étonné que personne ne le félicite de l’exploit. Les vendeurs, dans les stratings block derrière leurs ordis le regardent d’un air blasé. 1heure plus tard, les cartons sont dans la voiture…ça valait quand même le coup de se ridiculiser!
Je pense que je vais entendre parle de sa course poursuite dans les allées pendant un certain temps!
Et sinon, comme tout le monde, on a adoré monter les meubles vis par vis, on n’a pas compris pourquoi il y avait ce tiroir en plus, on a pleuré de ne pas avoir pris l’option « montage », et j’ai à peu de choses près vécue comme une mère célibataire avec les nains pendant que Tony se battait avec le plan de travail dans le futur appart.
Bref, tout est question d’argent dans la vie. Et quand je serai riche, de toute façon, ça sera traiteur!