Les jours d’après

calvin hobbes

Il s’agit de recommencer à vivre tout en restant debout, pour toujours.

Qu’on ne vienne pas me dire aujourd’hui que le monde a subitement changé. Le monde est toujours moche. Mais peut être en avons nous pris conscience « pour de vrai », je ne sais pas trop où se situent nos âmes en ce moment, juste après la colère, entre la peur et la révolte, quelque part par là.

Étrangement, la panique qui m’envahissait vendredi s’est envolée dans les vagues d’applaudissements de la marche de dimanche l’emportant d’une place de résistant pour la faire s’échouer sur l’ancienne place de l’Egalité. Y’a pas de secret.

Et puis je me demande combien de temps je vais réussir à contempler l’humanité des gens que je croise, combien de temps la tolérance et la conscience libertaire tiendra le coup.

Et puis, surtout, je me demande : « et maintenant, on fait quoi ? »

Je me sens toujours le cul merdeux d’avoir vécu dans l’habitude, d’avoir omis que je devais cette vie confortable à ceux qui s’étaient battus pour que ce soit le cas en pensant que j’allais certainement faire en sorte d’entretenir cet héritage.

La semaine passée nous a tous choqués parce qu’on a touché à des valeurs qui nous semblaient acquises dans notre pays. On était bien confortablement assis dessus à accepter l’horreur du monde, parce que c’était ailleurs, parce que c’était pas nous, parce que c’était « comme ça ».

Et on s’est pris en pleine gueule, de plein fouet et sans sommation tout ce que nous avions laissé nous échapper, inconscients volontaires que nous étions encore le 6 janvier.

Je ne suis pas une révolutionnaire, je ne suis pas polémiste, je ne suis pas moraliste, je ne suis pas rebelle, je suis bien loin d’être courageuse.

Mais je suis consciente.

Et je suis pleinement réveillée maintenant. Et je travaillerai chaque jour à le rester, à garder l’esprit libre.
Je tâcherai par mes moyens de transmettre cela à mes enfants.
Je ne délaisserai plus la liberté en me laissant bercer par le ronron de l’habitude passive.

Parce que la liberté, c’est ce que nous sommes.

calvin-on-freedom-of-expression

11 réflexions sur « Les jours d’après »

  1. Tu as tout dit, je crois. Il me semble que c’est à chacun de nous de faire le job, de -faire- vivre cette liberté, de la transmettre à nos enfants, de leur en faire prendre conscience. Et ne pas tout attendre des « autres », des politiques, etc…
    « Parce que la liberté, c’est ce que nous sommes. »

  2. Bonjour, longtemps très longtemps que je n’avais plus commenter ici… changement de vie qui m’a rendu absente mais aujourd’hui je reviens, je reviens pour vous dire que vous venez d’exprimer le plus parfaitement possible ce que je ressens ! Et pour cela, je tenais à vous dire Merci.

  3. « Je ne suis pas une révolutionnaire, je ne suis pas polémiste, je ne suis pas moraliste, je ne suis pas rebelle, je suis bien loin d’être courageuse.

    Mais je suis consciente. »

    Tellement bien dit…

    Je lis, j’entends, j’écoute depuis une semaine. Ça fait mal mais du bien à la conscience collective.
    Prendre conscience, c’est tout à fait ça.

    Reste à réussir la transmission.

  4. Tu synthétises avec tant de justesse ce que nous sommes des milliers à vivre.
    Tu m’époustoufleras toujours avec tes billets « sérieux », qui me percutent (et pourtant je te lis depuis fort longtemps et apprécie aussi la gaudriole !)
    Bises

  5. C’est exactement le monde est toujours aussi moche, les gens sont les mêmes, en apparence tout du moins, j’espère que la plupart d’entre eux ont comme toi, comme moi, changé leur façon de voir les choses au fond, ont réalisé, pris conscience, ouvert encore plus grand les yeux. Mais j’ai peur de ce que nous réserve l’avenir, j’ai peur que les musulmans soient encore plus regardés de travers « tiens un terroriste en puissance », montrés du doigt, je n’aime pas ce que j’entends de ci de là. Pas du tout.

  6. Mecrci… merci de dire tout haut ce que tant pensent tout bas et surtout de le dire de si belle manière !!! Mis ça c’est comme d’hab ! Merci Natacha !

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