Redevenir mère.

L’autre jour, je publiais un article qui brassait mes tripes depuis longtemps, à propos de comment j’ai vécu mon premier accouchement.

Suite à vos nombreuses réactions qui m’ont bien plus ému que mon propre récit, à vrai dire, j’ai décidé de répondre aux questions qui sont revenues régulièrement dans les commentaires , que ce soit sous l’article, sur Facebook ou sur Twitter, via un nouveau billet. Parce que oui, effectivement, il y a eu une suite à tout ça. Que ce soit le lien mère enfant avec N°1 ou le simple fait d’envisager et de gérer une seconde grossesse… un second accouchement.

Ce billet est dans mes brouillons depuis le lendemain de la publication du premier opus pour tout vous dire, mais je n’avais pas pris le temps de le finir. Pas toujours facile de se dévoiler hein ?
Et comme sous avez été très nombreux hier à me prévenir « Hey ! Regarde, tu es citée dans Les Maternelles suite à ton article « souffre en silence » (merci Elsa), je me dis qu’il est temps de conclure.

Le lien mère-fils a été compliqué à tisser, mais je ne vais pas m’attarder trop longtemps, j’en avais fait un article déjà, il y a longtemps. Ca va mieux. BIen mieux. Nous avons retrouvé ce fil que nous avions lâché à la naissance, nous l’avons fortifié. Il est différent, mais il est beau quand même.

La question du second enfant s’est posé par la suite, comme dans beaucoup de familles.
Je l’ai rejeté pendant des mois. Des années même.
« JAMAIS », c’est ce que je disais.
Je l’affirmais avec conviction. Pourtant, j’ai senti revenir ce désir d’enfant. Ce deuxième.
L’envie s’est faite plus forte que la peur et c’est presque sans boule au ventre que je suis repartie pour un « même joueur, joue encore » 4 ans plus tard.
Mais les choses ont été différentes.
Je me suis orientée vers un obstétricien très réputé. Une personne qui ne prenais plus de nouvelle patiente depuis fort longtemps mais qui a été touché par mon parcours et qui a accepté de me suivre.
Un grand monsieur qui avait la douceur et la délicatesse de m’expliquer longuement ces choses simples qui me rassuraient au fil de ma grossesse.
Ensemble, nous avons construit un dossier très complet… au niveau psychologique surtout.
Il savait. Et tous ceux qui m’accompagneraient le jour J en salle d’accouchement sauraient aussi.
Mes doutes, mes craintes… mes angoisses. Mes plaies.

J’ai eu des contractions. Je suis arrivée sereine à la maternité (pas la même que la première fois, évidemment, donc).
J’ai été prise en charge assez vite. Le nom de ce grand médecin en haut de mon dossier a dû jouer sur la qualité de l’accueil, certainement. Je m’en fiche pas mal d’avoir été pistonnée. Je méritais bien ça.
Ca a été long. Très long.
La péridurale a été posée dans l’ambiance la plus calme au monde. J’étais bien. Je gérais ma douleur. Je n’avais pas peur. La bienveillance régnait. On venait me demander si j’allais bien. J’allais bien. Tout allait bien.

On a fait une écho pour voir si Clapiotte s’engageait correctement. Elle se présentait par la face. Dépitée, la gynécologue de garde ce jour là m’explique qu’il faudra certainement refaire une césarienne si la petite ne se décide pas à baisser sa fichue tête. Je connaissais les risques d’un accouchement par voie basse avec un utérus cicatriciel. Il n’y a pas de problème.
On attend, de toute façon, tout va bien, les contractions font doucement leur travail et les équipes aussi.
Je suis Natacha, la patiente de la salle d’accouchement N°2. Je suis quelqu’un. Je suis une future mère. Et je vais bien.

On décide au bout d’un temps de percer la poche des eaux pour activer tout ça. On m’explique, encore, avec le sourire le pourquoi du comment.

On s’installe.

PLOC.

La suite voudra que rien ne se passe de façon normale, une fois de plus.
J’ai dû partir en urgence en césarienne.
Mais chez les humains, urgence ne signifie pas précipitation. On m’explique pourquoi il faut. Pourquoi c’est urgent. Pourquoi on y va, là, maintenant. Moi. Ma fille. Il faut. Mais tout va bien se passer Madame, vous avez été formidable. C’est dommage de devoir passer au bloc mais tout ira bien.

Une fois de plus, j’enchaine un peu de malchance et on doit m’anesthésier totalement.

2h plus tard, je me réveille en sueur sous une couverture chauffante. On me sourit.

On m’explique de nouveau ce qu’il s’est passé.

Ma fille arrive dans les bras de son papa. Dieu qu’elle est vilaine toute poilue… MA FILLE. Que je l’aime déjà, de si loin.

Tout va bien. Tout le monde va bien.
Je réclame à repartir à la plage. Je plane. Je me rendors un peu.

Dans ma chambre, on revient m’expliquer les soucis que j’ai rencontré. J’ai une sonde urinaire pour 8 jours. Mais nous allons bien. J’en rigolerais même plus tard, beaucoup, ici.

Refaire un troisième enfant sera dangereux. Un risque bien trop grand pour lui, pour moi. La question ne se posera donc plus. J’ai deux beaux enfants qui vont bien. Nous avons une histoire particulière concernant leur accueil dans ce monde.

Mais aujourd’hui nous allons bien.
Et cet accompagnement bienveillant malgré les soucis rencontrés y est pour beaucoup, si ce n’est pour tout.

Aujourd’hui nous allons bien.

Ne t’en fais pas.

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35 réflexions sur « Redevenir mère. »

  1. Merci pour ce deuxième article qui met de la chaleur dans le coeur, et merci d’avoir pris le temps de l’écrire et de nous faire partager ça.
    Belle journée à vous

  2. Et le voilà ce deuxième récit tant attendu. Tu réussis à travers tes mots à nous communiquer cette atmosphère beaucoup plus sereine que lors du premier… Tout sonne juste, oui même le « Dieu qu’elle est vilaine… » C’est toujours un plaisir de te lire. Merci.

  3. Un second récit, enfin la suite, qui est bien loin de l’atmosphère du premier, mais qui a réussi à me mettre les larmes aux yeux, mais pas pour les mêmes sentiments !
    J’ai bien rit en lisant  » Dieu qu’elle est vilaine … »
    Bonne journée

  4. Ton premier article m’a fait frissonner, moi l’hypersensible, je ne sais pas comment j’aurais vécu ça … je ne veux pas le savoir à vrai dire ! Là, tu me fais penser qu’il y a des personnes qui aiment leur métier, même quand ça devient compliqué. Quand on te lit, on a l’impression que tu as nagé dans du coton tant tout a eu l’air bien, mieux, tellement mieux ! Oui, il y en a qui ne pensent pas que chiffre et noms barbares, il y a ceux qui savent qu’ils accomplissent un beau travail : permettre à une femme de devenir mère ou de le redevenir … avec toute l’humanité qui entoure un évènement aussi unique ! Alors, voilà : merci ! Ginie la nullipare ;-)

  5. C’est un très beau billet, tout en douceur. Pas facile après un accouchement difficile (c’est un euphémisme) de faire un autre enfant. Et la césarienne n’est à pas à être traumatisante, comme tu dis, quand c’est le mieux pour le bébé et la maman, ou est le problème?

  6. Merci d’avoir pris le temps et la décision de nous raconter la suite! Bravo à cette équipe qui a su t’entourer!
    Ta photo est excellente!!! :-D

  7. Les accouchements ne se passent jamais comme on l’imagine.. Le plus important dans tout ça d’être bien accompagné et je le sentiment que pour le 2e l’accompagnement était solide, tu étais rassurée (enfin + que pour le 1er).
    Mon 1er accouchement c’est aussi très mal passé j’ai eu des séquelles longtemps après physiquement et moralement… malheureusement pour moi mon retour de couche à fait que j’ai dû enchaîner 2 grossesses coup sur coup… j’ai eu du mal à accepter cette 2e grossesse… heureusement l’accouchement c’est très bien passé ça m’a permis de faire le deuil du premier et de passer à autre chose… Bonne continuation pour la suite !

  8. Purée, la photo est génialissime ! En elle-même et à la fin d’un tel billet… Waouh !
    Tu as une façon incroyable de raconter ce qui t’est arrivé, touchante et instructive aussi. C’est beau de voir qu’il est possible de surmonter ce que tu as vécu la première fois et de vivre les choses différemment selon l’aide qu’on reçoit.
    Merci pour ces beaux billets !
    Bravo la famille Cranemou !

  9. Natécia ? J’y ai été merveilleusement bien accompagnée, le jour où j’ai donné la mort comme le jour où j’ai donné la vie. Au même endroit. Avec les mêmes personnes.

    Quelque soit la maternité, c’est chouette que tu aies eu la possibilité de vivre quelque chose de bien pour ton second accouchement, même si tout ne s’est pas tout à fait déroulé « normalement », au moins ce récit est plein d’amour, comparé au premier.

  10. Oh ça me touche parce que autant la dernière fois, je te remerciais d’avoir parlé de ton premier accouchement si dévalorisant pour avoir vécu quelque chose de similaire et avoir eu le courage de l’écrire, autant là je suis toute contente parce que de pour mon deuxième accouchement, comme toi, j’ai vécu une expérience beaucoup plus douce et respectueuse. Une équipe géniale, une anesthésiste qui a attendu 20 min avant de pouvoir me faire la rachi tellement j’avais peur, une sf qui m’a accompagnée pendant la césarienne, une infirmière qui m’a tenue la main. Je les ai encore appelés y a pas longtemps alors que ça fait 1 an pour les re remercier. Pareil que toi, mon dossier était lourd et je crois que ça m’a beaucoup aidé pour cette deuxième fois et puis ça m’a aussi permis de comprendre mon 1er accouchement! Pareil que toi, je m’étais dit plus jamais et l’envie a pris le dessus. ça m’a vraiment réconcilié avec mon corps aussi!

  11. dieu qu’elle te ressemble clapiotte sur cette photo !!
    mais bon je suis pas douée pour les ressemblances !
    en tout cas ça me fait plaisir que tu aies eu un accouchement plus serein que pour le premier ! et bien d’accord avec toi on s’en fout du piston ce qui compte c’est TOI et ton bébé à ce moment là !

  12. merci pour la suite! c’est sur pas évident de construire une relation après tout ça, tu en as discuté de tout ça avec n°1?
    j’en ai encore les larmes aux yeux, des câlins serrés!!!

  13. Merci Natacha pour ce billet qui me touche beaucoup. Même si ce n’est pas la même histoire tes ressentis et le fait de se dire que jamais je n’ aurais de troisième enfant me font échos…moi aussi j’ai la chance d’avoir deux enfants, deux filles, en bonne santé malgré tout ce que nous avons traversé…j’ai eu beaucoup de chance. Il faut savourer aujourd’hui ce que nous avons.
    Au plaisir de te relire !

  14. Bravo d’avoir eu le courage de nous raconter ces expériences… Nous avons chacune tant à dire sur nos accouchements : un premier difficile et un deuxième très rapide ! Et l’impression d’être juste un numéro de dossier… Alors encore bravo !

  15. On sent bien que cette fois tu t’es sentie en confiance et plus rassurée malgré les difficultés rencontrées Et cette fois à la lecture je reste émue, et pleine de respect pour cette équipe médicale :)

  16. Au vu de la photo, tu es sûre qu’il n’y a pas de séquelles ? :-)
    Je plaisante, bien sûr.

    J’ai aussi vécu un accouchement genre boucherie pour la 1ère et comme il s’agissait d’un bébé miracle (impossible selon la médecine), il n’y en aura malheureusement pas d’autre. Un second miracle ferait de moi une icône religieuse et je n’y tiens pas…
    Pourtant j’aurais aimé, comme toi, vivre un peu mieux, cette expérience une seconde fois.
    Merci de nous avoir fait partager cela.

  17. Ca change carrément tout quand nous avons autour de nous des gens humains et rassurants même quand les choses ne se passent pas exactement comme prévus !

  18. En regardant la photo…jme suis dis que si on mettais leur 2 têtes en une…on aurai toi qui fait la grimace avec tony parker lol

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