Le sacrifice d’une mère… ou comment j’ai fini accompagnatrice en sortie scolaire.

Depuis le début de l’année, on me vend du « vous êtes disponible vous, non ? » dès qu’il manque un parent quelque part.

Dire une seule fois qu’on travaille à son domicile et c’est toute une année à se justifier par la suite que donc NON, on n’est pas disponible, en vrai, même pour une sortie scolaire. Pas plus qu’un autre en tout cas.

Bref.

N’empêche, je me suis dévouée des dizaines de fois pour N°1 et je n’avais toujours pas daigné faire quoi que ce soit pour la classe de Clapiotte. A part la fois où je devais amener le gouter. Et que je l’ai laissé à la maison. Et la fois où j’avais dit que peut être si jamais vraiment c’était compliqué, je ferai la vente de gâteaux à 16h30. Et que je n’ai pas ramené Clapiotte à l’école ce lundi après midi là.

Bad Karma.

Alors, un matin, quand je vois sur le grand tableau des sorties qu’il manque des parents un vendredi matin pour une sortie, je dis « banco ».

Ce vendredi là, il pleut. Évidemment.

Je laisse mon parapluie dans l’entrée de l’école pour ne pas tremper la classe (je suis civilisée parfois) et je m’assoie dans un coin avec 3 autres mamans. Je regarde ma fille évoluer dans « son » monde à elle, avec ses copains, sa maitresse. je passe une heure à incruster mon fessier dans une chaise bien trop petite et je suis assez fière (et un peu émue aussi) de constater à quel point ma fille n’a pas besoin de moi. Même quand je suis là.

Il est ensuite l’heure de partir. Direction une structure sociale du quartier qui propose des jeux, des instruments de musiques etc… à disposition. Les enfants adorent y aller.

Il pleut toujours.

Je suis ravie de constater que mon parapluie a disparu, coulant des jours plus heureux dans la main de quelqu’un de moins civilisé que moi. Ca m’apprendra à vouloir préserver les linos.

Le trajet est compliqué: expliquer à quelques enfants qu’il ne faut pas marcher dans les énormes flaques et… ils sauteront dedans à pieds joints. TOUS. En même temps, histoire que votre temps de réaction soit amoindri par les diversions des « schploc » dans tous les sens.

J’ai le jeans trempé jusqu’au genou, le cheveu qui goute sur mes épaules, mais j’arrive à sourire encore. Je dois avoir des gènes de Mere Théresa en fait… on nous aurait menti….

Sur place, les enfants connaissent déjà le petit rituel (tant mieux, parce que moi, non). Il faut enlever les chaussures.

Ok. Parlons des chaussures. Tu es parents ? Tu as un enfant pas encore en âge de faire les lacets ?

ALORS POURQUOI ?

Faire et défaire les lacets est une VRAIE galère. Dois-je préciser que quand ces lacets sont mouillés c’est une peu comme l’enfer sur Terre ? ALORS POURQUOI DONC ?

Pourquoi continuer à acheter des chaussures à lacets au moins de 6 ans alors que Dieu a créé les scratchs et les fermetures éclairs ?…. Je pose la question.

Tout ce petit monde de moins d’un mètre en chaussettes mouillées se précipite dans les jeux. Je décide de m’y coller aussi histoire de ne pas rester à ne rien faire pendant une heure. Les briques géantes en carton me fascinent (j’ai 3 ans) (et des chaussettes mouillées aussi), avec Clapiotte et deux autres petites filles on decide de faire une cabane. Les murs aussitôt montés, Raoul vient mettre un énorme coup de pied dedans.

La phrase « tu as le droit de détruire ce que TU as construit seulement » n’a pas dû atteindre son petit cerveau atrophié. Mais il est mignon Raoul, alors il remet une brique ou deux devant mon regard d’assassin (t’as cassé ma cabane ? T’as déconné mon p’tit gars. Si on était dans une piscine à boules, tu ferais un beau plongeon, je te le dis) (oui, je suis un peu maboule en dedans de moi, c’est l’effet acouphènes associé aux mouvements perpétuels de 20 enfants en furie, ça m’a beaucoup perturbé).


Mensonge !
Genre il va pas tout péter le gamin… c’est ça ouais !

On reprend la construction. Et Raoul revient tout péter. Mais comme il avait mis deux brique, j’ai rien le droit de dire (même pas un croche pattes, rien).

Je boude. Je vais plutôt les regarder tiens. Tu parles.

Quand t’as joué 10 minutes avec les enfants, TOUS les autres t’ont repéré. Un troupeau de greffons vient envahir mon espace vital et m’assène de phrases qui ne veulent rien dire.

« Ta fait m’aider mes guisements avec moi »
« yèou lé krain ? »

Sérieux les gars ? QUI vous a appris à parler ? Un Moldave borgne ou quoi ?

Bon. Voilà. J’ai fini par déguiser 20 gamins. Puis à leur enlever les costumes. Puis à leur en remettre un autre parce que celui de Killian il est plus mieux bien en vrai je veux cui là.

Clapiotte, qui me connait bien, jouait au garage et aux voitures pendant ce temps là. Rapport qu’elle savait que je pouvais craquer à tout moment. (mais je suis civilisée, je vous le rappelle).

J’ai aussi été obligée de porter un casque de chantier pendant 1 heure. je me faisais engueuler par l’adjudante en chef Chloé qui avait décidé que je porterais ce casque jaune à la vie à la mort.

J’ai remis des chaussures A LACETS MOUILLES.

J’ai tordu des pieds.

J’ai remarché dans les flaques en disant de ne pas le faire.

J’ai empêcher un enfant de foncer dans un grillage parce qu’il rêvassait. Bon, en vrai, il a foncé dedans, je rêvassais aussi.

J’ai déposé tout ce monde dans la classe, j’ai embrassé Clapiotte et je suis partie. Sans me retourner. J’ai pris une douche et jeter mes fringues pleine de sueur dans la machine. Et j’ai mis 3 heures à ne plus avoir ce bruit sourd dans l’oreille droite.

Ce jour là, je suis morte, un peu.

Ce soir là, Clapiotte rentrait très fière en me demandant: « alors maman, tu reviens demain, hein, tu reviens, hein, c’etait bien maman? »

Ce soir là, je me suis dis que quand on devient parent, on devient un peu maso aussi. Et on aime ça.

28 réflexions sur « Le sacrifice d’une mère… ou comment j’ai fini accompagnatrice en sortie scolaire. »

  1. alors tu vois, ma grande , avoir des petits très dynamiques tout une journée, c’est un métier non? c’est pour ça, qu’avec les + grands de l’école élémentaire, j’ai pu garder 2 oreilles , mais oui.
    denise- françoise

  2. On m’a justement demandé si j’accompagnerais le groupe de 2 ans de la crèche de mon fils à la ludothèque. Finalement, je crois que je vais trouver une excuse. ;-)

  3. je me doutais bien qu’il vaudrait son pesant de cacahuètes, cet article-post sortie scolaire !!
    ha ha ha !
    you made my day !
    et comme tu le conclus toi-même si bien « on aime ça »…
    Big Up Natacha !!

  4. Énorme ! Vécu aussi avec la classe de Junior, Loulou le rêveur n’a pas vu le poteau, bim ! Un œuf sur le front ! Qui a de l’arnican ??? Personne n’est parfait, même pas la maîtresse… Ouf ! Mais j’adore les sorties scolaires… Au musée !!!

  5. T’es vraiment barrée! Merci pour ce moment de rigolade (moi Raoul, je lui aurait fait manger une brique…)

  6. On comprend mieux maintenant pourquoi les mômes sont surexcités en permanence, a force de vivre dans des ambiances aussi anti feng shui il y a quand même mieux pour le développement du zen !

  7. fin de six semaines de stage en maternelle qu’est ce que je me reconnais !! ah la dure vie d’Atsem !

  8. je me suis portée volontaire pour accompagner la classe de CP/CE1 de mon n°1 TOUTES les semaines à la gym…hier, la charmante Julie a quelque peu raté sa tentative de poirier et son pied est venu exploser ma tempe gauche, à en tordre ma branche de lunettes…donc, comment dire…je compatis?! ;-) (et j’ai bossé 5 ans en maternelle, je suis donc une ardente militante du « mais mettez leur des pompes à scratchs, bordel! »

  9. Je suis moins courageuse que toi, j’ai juste participé une après-midi à l’activité « salade de fruits », ils étaient allés au marché acheter des fruits le matin et on les a préparés l’après-midi. Toute mon admiration va à la maîtresse et à l’ATSEM qui les gèrent tous les jours !
    Et qui ont l’idée de foutre des couteaux entre les mains de 27 gosses de 6 ans…

  10. Hahahaha! Je suis morte de rire en lisant ton article!
    Je me revois ya pas si longtemps accompagner ma fille et les 3 classes de maternelles dans une longue promenade un peu pénible. On joue le jeu sans vraiment en avoir envie et au final on s’y plait! Mais c’est vrai qu’après, le bourdonnement reste persistant!
    J’ai le bonheur aussi de t’annoncer qu’ici on a que des scratch ou des chaussures à élastique (je sais pas comment ça s’appelle en vrai, mais le pied glisse dedans tout seul!)
    Merci pour cet article!

  11. Huhuhuhuuuu !!
    je suis queen Maso itou cette année , abnégation et don de soi je suis une « maman du Sou ». genre on a organisé, une boum, un loto et demain (Aaaargh) fête du printemps !
    La sortie scolaire c’est sportif aussi !
    Bises

  12. Moi j’avoue, je suis dispo mais je fuis!!!! Et puis bon connaissant ma fille, si je suis là pour une sortie elle va pas me lâcher alors que c’est pas le but (d’ailleurs je félicite les instits qui ont décidé de ne prendre AUCUN parent des enfants concernés par la classe verte de fin mai!!!!!!!!)….
    Là déjà je dois aller vendredi dans la classe pour aider à faire des gateaux pour l’anniversaire de ma fille…….J’ai peur d’avance, je suis pas G.O. moi!!!!!!!!!!!XD

  13. Tu vois pourquoi il nous faut des vacances si souvent ;)
    Ps : pour le coup des lacets mouillés, moi aussi je déteste ça. Dans le même genre tu as la fillette qui après avoir mâché son chouchou 10mn te demande de lui refaire sa couette…

  14. excellent ! j’ai fait la même chose pendant 3 ans, et je suis toujours vivante ! Attends les sorties piscine ! ça résonne bien aussi. Outre les lacets et les chaussettes sur pieds mouillés, les instits ont beau insister pour ne pas mettre de collants aux petites filles ce jour là, rien n’y fait. Et je ne parle pas des enfants qui on des verrues ou peur d’en avoir à qui il faut enfiler des espèces de chaussons en plastique collant impossible à mettre….
    Enfin, j’en ai fini avec les sorties, je suis retournée travailler mais comme je suis aussi un peu maso je fais du transport scolaire lol

  15. Hum, si tu pouvais éviter de faire cet article justement maintenant alors que je fais mon baptême du feu mardi avec la classe des gremlins, on part en car à La Motte-Servolex pour la journée, donc tu rajouteras l’épreuve du vomi dans le car à tout ce que tu as vécu … 27 mômes, la maîtresse, l’Atsem, une autre maman dévouée et moi … on va rigoler … j’espère qu’il fer beau, vu qu’on est censé pique-niquer dans un parc …
    Bises ensoleillées et bon week-end !

  16. Je vis la même en emmenant les grands des petits de la crèche de mon crapaud …
    je peux te réciter par coeur les histoires de Tchoupi et petit Ours Brun … la version ancienne du blog en somme ou du Facebook où Tchoupi et Petit Ours (qui n’a pas de prénom – NDLR) écrivent un bouquin aussi vite que Nabila dégaine une connerie !

  17. Mdr
    je suis atsem je comprend bien les lacets mouillés, entre les lacets, les chaussures trop petites, les pantalons très serrés que t’arrive même pas a refermer.

    Ceux qui ont des chaussures a scratch mais qui sont fainéants et veulent pas les fermés car trop dur ( c’est des scratchs bordel c’est facile)

    Les sorties scolaires je connais aussi
    mon sac a dos est blindés de changes, de pq de sacs plastiques et de lingettes ce jour là.
    La les beaux jours reviennent on va avoir les chutes dans la cours et les bobos divers et variés :-)
    ds mon école tu as 200 gamins alors sourde des oreilles je connais bien aussi.

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