N°1, la vie, et nous.

N°1, tu es grand maintenant.
je le vois quand tu me regardes, tu n’as plus les mêmes attentes ni même la même foi en ta maman, tu fais les choses sans que je te les demande, tu prends des responsabilités. Tu es devenu plus grand, plus fort.

L’assurance que je t’ai volé continue de regagner sa place, la joie de vivre de l’enfance t’enveloppe presque tout à fait maintenant. Ce fût long.

N°1, je voulais te présenter mes excuses. Je te les dois depuis longtemps mais en plus d’être ta mère, j’ai le renoncement difficile.

Tu es assez grand aujourd’hui pour que je puisse expliquer ce qui a cloché, ce qui nous a séparé alors que que notre rencontre devait être le plus beau souvenir du reste de nos vies. J’ai raté notre rendez-vous. je n’étais pas à l’heure. Alors que de tout mon cœur je t’espérais, nous avons cru te perdre. Souvent j’entends encore ton cri s’éteindre et le feu me brûler de l’intérieur. La rage m’a envahit, m’a rempli de ce sentiment d’injustice. Mon cœur te désirait et mon âme hurlait ta perte.

Pendant de longues minutes j’ai souhaité disparaitre. Le temps s’était suspendu mais ces longues minutes ont fait de nous des étrangers. L’espace d’un instant, je n’étais plus rien pour toi, allongée, attachée, je ne pouvais rien pour toi et je t’en ai voulu alors même que tu n’avais jamais eu le choix.

Lorsque la bonne nouvelle est tombée j’étais assommée. J’étais perdue et soulagée mais mon cœur ne se desserrait pas. Nos regards ne se croisaient pas, tu me rendais la monnaie de ma pièce. Dans ton petit coeur à toi, il devait y avoir déjà tant de rage et de doutes aussi. Nous étions passé au rouleau compresseur émotionnels et nous nous sommes perdus.

Excuse moi d’avoir mis autant de temps à m’en rendre compte. La peur a cristallisée mes sentiments, il a fallu que je comprenne que je n’étais pas seule à souffrir et au bout de plusieurs semaines, je t’ai regardé enfin comme mon fils.

Aujourd’hui nous avons bien grandit et nous avons su faire les bons choix pour nous retrouver. Le temps perdu n’a pas d’importance quand on voit la qualité de nos retrouvailles.

Nous aurons tous les deux appris alors qu’on ne nait pas mère, pas plus que les sentiments sont inaltérables. On peut aussi se tromper et mettre plus de temps à se rencontrer alors que nous pensions nos 9 mois communs un départ suffisant. Ils ne le sont pas. pas pour tout le monde. Il est des relations qu’il faut comprendre et reconstruire.
Nous l’avons fait brillamment, et je n’ai pas l’habitude de me féliciter, mais ce que nous avons fait là vaut tous les premiers regards, n’est-ce pas?

Je suis heureuse maintenant. Heureuse de te savoir enfant et heureuse de voir que l’insouciance qui t’était due est revenue. Heureuse de t’entendre dire que tu l’es encore plus, heureux.

Maintenant, N°1, nos émotions ont repris depuis longtemps le bon chemin et j’espère que toutes les mères et les fils et filles qui se sont perdus en début de parcours, comme nous, sauront suivre les petits cailloux qu’ils ont semé inconsciemment pour retrouver leur route, parce que les retrouvailles n’en sont que plus savoureuses.

59 réflexions sur « N°1, la vie, et nous. »

    1. Je ne vous réponds pas un à un sinon je chiale trop… hum… je fais une réponse plus bas pour toutes.
      Désolée, je n’aime ps trop ça, mais émotionnellement, c’est trop dur en fait <3

  1. Note émouvante pour moi car j’ai dû faire face au baby blues sans comprendre ce qui m’arrivait et nous avons aussi réussi à construire notre relation, aujourd’hui je suis une maman poule qui aime son fils plus que tout…

  2. Très beau! et tu ne peux pas savoir ce que tu m’allège le coeur.
    Moi ça n’est pas à la naissance de ma fille que ce lien s’est « brisé » mais lors de mon alitement pour BB2 trois de longues séparations par intermittence, l’impression de ne plus être SA maman…
    Nous retissons lentement toutes les deux à notre rythme!

    MERCI pour ce témoignage!

  3. Tu m’a fait pleurer, j’en ai encore la gorge serrée…
    Pas facile de devenir maman…pleins de sentiments mêlés !
    Ton billet me parle aussi…Merci de t’être un peu dévoilé, et profite-bien de tes enfants <3

  4. Juste merci… moi qui ai la larme difficile, cela m’a beaucoup ému…et a réveillé des échos de l’arrivée de mon n°1…

  5. Bonsoir !
    Voilà un billet qui vient du coeur, et qui parle de choses difficiles … mais je suis moi aussi convaincue qu’on ne devient pas mère comme ça d’un seul coup le jour où un (ou deux) petit(s) être(s) sorte(nt) de notre corps comme des pirates … cela nous inonde petit à petit, jusqu’à devenir immense et infini comme la mer … la mère !
    Gros bisous et bonne nuit !

  6. Merci pour ce post…il m’a permis de commencer à mettre des mots sur ce qui se passe et s’est passé avec BB3….c’est un travail de longue haleine, mais j’y crois dur comme fer….merci….

  7. Waouh ! Ton billet m’a toute retournée. J’ai connu ce sentiment et j’ai aussi eu des diffcultés à le comprendre. Allitée, séparée de mon bébé … des moments éprouvants. Je crois d’ailleurs qu’aujourd’hui, j’ai toujours peur que ça se reproduise.

  8. je suis en train de m’essuyer les yeux parce que l’a ton billet et bien il fait couler quelques larmes quand je le lis je suis heureuse pour toi et enfant c’est vrai que l’on ne naît pas mère on le devient et parfois ce n’est pas simple mais quelle belle preuve d’amour que se battre pour celui qu’on aime si fort celui pour qui notre vie n’aurait plus de sens !!!!

  9. Un immense merci … J’ai l’impression de lire mon histoire, dans ce billet, l’histoire de la naissance de ma fille, l’amour de ma vie …
    Merci.

  10. Très beau billet qui me bouleverse … Je n’ai pas encore réussi à trouver ce chemin avec mon n°1 … et c’est dur …
    Bravo !!

  11. Que de moments difficiles, vécu à 2.
    Il faut que tu enregistres ce que tu as écrit pour que cet enfant le lise quand il sera en âge de le comprendre, Cela vous aideras tous les 2
    Amitiés
    Mohican

  12. Très beau billet… Je devrais écrire le même… Accouchement difficile, bébé séparé, retour de la maternité sans lui, allaitement plus que compliqué, dépression du post partum… j’ai connu tout ça pour n°1, et rattrapé petit à petit le chemin. Aujourd’hui « bébé 1 » a 4 ans, et rayonne de bonheur. Son petit frère de 2 ans est venu panser les dernières plaies lui aussi. Et comme toi, je suis fière des progrès accomplis, car on revient de loin!

  13. @TOUTES

    MERCI. Vos mots me touchent énormément, je ne pensais pas que ce billet serait aussi bien accueilli.
    J’ai volontairement choisi la dérision pour faire passer la pillule, mais je sais maintenant que si j’en ai besoin, je pourrais aussi venir parler plus simplement.
    Je vous remercie toutes pour ces gentils mots qui m’ont ému un à un.
    Désolée pour les larmes aussi.

    Je souhaite sincèrement à celles qui se cherchent encore en temps que maman continue d’y croire et de remonter le fil qui s’est défait à un moment. C’est dur de ‘admettre mais c’est le plus gros travail avant de nous reconstruire d’après moi.
    N°1 et moi vous embrassons.

    Pfiou… je suis vraiment émue là….

  14. Merci pour ton temoignage. Ca fait du bien de lire qq’1 qui a vécu la meme chose que nous.

    Mes jujus: tout était si compliqué…
    2 bébés, trop de stress, trop de risque, une impossibilité de m’attacher pendant la grossesse tellement les risques étaient grand d’en perdre un, ou 2…
    Un accouchement que je n’ai pas pu maitrisé au détriment d’un des jujus a fini de nous séparer… La culpabilité… Des bébés si petits…
    Un amour entier que je n’arrivai pas a donné a 2 enfants en meme temps…Des bébés que je n’osai pas pouponné: l’un parceque l’accouchement et mon manque de courage face au medecin l(avait blesser ds ses os, l’autre parceque je ne voulai pas privilégié l’un + que l’autre.

    Un corps détruit… Une fatigue intense…

    Ils sont nés, et s’en fichaient de moi… Et moi, je ne voyai rien, tellement prise ds les soins, les changes , les bib. Ils étaient calmes, si calmes, s’étaient le + important. S’ils étaient calmes, c’est qu’ils allaient bien.
    Ils ont grandi, on commencer a bouger, mais ne venaient pas vers moi.
    La tristesse m’a envahi. S’ils étaient si calmes, si indépendant, c’est juste parcqeue je ne les avaient pas fait exister… Et moi, Je n’existai pas pour eux… Des bébés si débrouillards, si indépendant… Mais sans maman, sans parents, qui ne compte sur personne a par eux meme…. Des bébés sans soutient… Qui ne cherchent d’aide de personne parcequ’ils ne sont meme pas conscient que leur parent peuvent etre une aide….

    J’ai commencer a construire cette relation qui n’existait pas. Aujourd’hui, un an 1/2 apres le debut de cette construction, ils commencent a me faire confiance, a me faire des calins, a m’appeler maman pour réclamer autre chose qu’un biberon. C’est long… Mais ca fait du bien. Ca fait du bien de voir qu’ils pleurent parcqeue je m’absente, ca fait du bien de les entendre m’appeler la nuit, ca fait du bien de les voir venir se serrer contre moi, ca fait du bien de voir que j’existe pour eux et qu’ils existent pour moi en dehors des soins.

    Il parrait que c’est un « probleme » de multiples. Moi, je sais que c’est parceque la peur m’a empecher de les aimer pendant si longtemps…

  15. Merci beaucoup pour cet article, qui parle à énormément de mamans, je crois. Quand je pense qu’il m’aura fallu un an et demi et la naissance de ma deuxième pour (commencer à) comprendre ce qui clochait avec ma première, pour mettre des mots sur les fêlures des premiers jours, des premiers mois, et pour accepter que tout cela était derrière nous… Maintenant, j’essaie d’avancer, même si ces jours, ces mois, ont laissé des traces, des bleus aux coeurs (oui au pluriel, parce que cette situation, je ne devais pas être la seule à en souffrir), et je me découvre autrement avec ma deuxième fille. Mieux ? Je ne sais pas, mais je suis différente, tout aussi imparfaite. Et c’est cela aussi, être maman : être imparfaite, avoir ses failles, le savoir et en faire ses forces. Bonne continuation !

  16. Quelle émotion !! Ce témoignage est bouleversant.

    Je te lis tous les jours sans exception, tes enfants ont de la chance d’avoir une maman si merveilleuse et si prévenante. Si tous les enfants de ce triste monde pouvaient être câlinés et chéris comme les tiens, la vie n’en serait que meilleur.

    Merci pour ce beau moment.

  17. Merci de mettre des mots sur des situations difficiles … une relation avec ses enfants n’est jamais un long fleuve tranquille et demande à y travailler toujours.
    Si à la naissance tout s’est relativement bien passé pour moi, c’est maintenant que se pose plus le problème du lien… Je travaille à temps plein, j’ai un métier stressant et prenant, un gars de 4 ans et une fille de 2 ans. Je les vois 1/2h le matin, 1h30 le soir et les WE.
    Je les adore…
    Mais j’ai l’impression de passer à côté d’eux. Ils sont de plus en plus indépendants, jouent seuls, ne viennent pas vers moi pour résoudre leurs conflits.
    Et de nombreuses pensées contradictoires s’agitent dans ma tête et du coup, moi qui ai globalement su résister à la pression de la mère parfaite jusqu’à présent, je culpabilise à fond parce que j’ai l’impression d’être un « fail » permanent pour tout (maman/femme/femme de ménage/working girl)…et surtout, que le soir, alors que je devrai être là pour eux au moins un peu, je n’y arrive pas.
    Alors, merci de dire tout haut que ce n’est pas toujours rose mais que rien n’est irréversible !

  18. J’avais râté ce billet.
    Il est très beau! Tu sais finalement aussi bien écrire dans le registre de l’émotion que dans celui de l’humour.
    Et le message que tu donnes est magnifique!
    Vous avez eu un départ difficile, mais vous avez su vous trouver et c’est ce qui est essentiel! :-)

  19. vous étiez fait pour vous entendre..mais ça a mis plus de temps que prévue.. ça arrive.. une naissance n’est pas si rose qu’on le prétend par fois.. et il faut laisser le temps au temps ! très beau billet .. merci du partage

  20. c’est dur de te lire, ça fait écho en moi, j’aime l’image de se fil cassé, qu’il faut remonter. Alors même si une larme silencieuse a coulé sur ma joue, je suis heureuse que tu parles de ça, au nom de nous toutes, il FAUT en parler, il FAUT en prendre conscience, pour déculpabiliser une bonne fois. C’est mon premier com, même si je te lis souvent… alors merci merci MERCI.

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