Une opération parce que j’suis bon en maths?

Ça y est, et autant arrêter là le suspens insoutenable, l’opération de N°1 s’est bien passée.

Enfin.. l’opération en elle même, parce que très sincèrement, tout ce qu’il se passe avant et après et que nous devons gérer, c’était pas franchement de la rigolade.

Non, on a beau être des parents exemplaires (mai si, c’est vrai), on a beau avoir déjà stressé des milliers de fois pour notre bout de nous sans défense, on ne s’y fait pas.

D’ailleurs, ça commence dès l’annonce du médecin:` »Il va falloir l’opérer ».

Ouverture automatique des vannes, sans passer par la case pudeur. La seule chose que je suis capable de faire d’intelligent à ce moment là, c’est de prendre N°1 sur mes genoux afin qu’il ne me voit pas pleurer, ça sera toujours ça d’angoisse en moins chez lui.

Ensuite, on se fait à l’idée, on se dit que notre enfant prend la chose avec un détachement exemplaire, du coup, on prend exemple, et les jours passent sans qu’on y repense de trop.

Mais la veille… Ahhh, la veille. Là, si par malchance, la veille est un mercredi, que tu ne bosses pas et que tu passes la journée entière avec la chair de ta chair, là, tu le regardes, et il te monte des bouffées d’angoisse que tu n’avais pas ressenti depuis ton accouchement. Je vous passe les films que je me suis produite en HD Dolby Surround dans ma tête, c’était encore pire qu’un mauvais drame de production AB.

Donc, à savoir, si la veille on se laisse le temps de cogiter, c’est mort, on ne fait RIEN de sa journée, on est juste ultra concentrée sur nos angoisses. Tellement qu’on ne se rend pas compte que notre fils, lui, il va bien. Tellement bien qu’il n’a pas spécialement de question. Mais on insiste tout de même pour bien lui ré-expliquer ce qu’il va se passer. Voilà, on lui bourre le mou, et tout à coup, on va trop loin parce qu’on a dit un truc de travers. Double drame, non seulement on a angoissé un N°1 qui allait tout à fait bien mais en plus, on rajoute à notre propre stress un bon nappage de culpabilité. Tiens, mange ça, tu dormiras mieux pour la nuit.

Le jour même, on sait qu’il ne va pas falloir craquer. On craquera quand les portes de l’ascenseur se refermeront sur mon N°1 et un brancardier qui lutte en faisant des blagues au p’tit, pas avant. Surtout pas.

D’ailleurs, on ne craque pas, même quand on dit avec un grand sourire à son fils que TOUT va bien aller mon chéri… Même quand on le répète une toute derniere fois avant que les portes ne se referment sur son visage en larmes silencieuses.

Là, on comprend pourquoi on nous a dit de faire gaffe, parce que des mamans tombent dans les pommes.

S’en suivent 3 cafés bien serrés au grand air frais (oui, à 8heure du matin, l’air est frais, un premier décembre), en tripotant nerveusement notre portable au cas où nous soyons rappelés en urgence dans la chambre (oui, en fait, on ne pense qu’au pire).

A peine le temps de remonter dans la chambre pour tenter de s’assoir qu’une infirmière vient me chercher. Il faut que je me rende en salle de réveil, N°1 a un réveil un peu difficile.

Le réveil des anesthesies générales, c’est toujours la grande panique pour moi. Avec le tas de légendes urbaines que j’avais entendu à ce propos, j’étais persuadée qu’en me reveillant, j’allais sortir des horreurs à l’infirnière, des trucs salaces, des gros mots… En fait, je l’avais juste envoyé bouler en lui disant de me laisser parce qu’il fallait que je retourne à la plage. Si MOI, je ne dis pas « putain » en me reveillant d’une AG, je ne vois pas comment je pouvais prévoir que mon fils allait hurler et être assez violent à son réveil. Avant de rentrer, on m’a demandé si j’étais sûre, si je ne voulais pas que ce soit Tony qui y aille. Je n’avais aps peur, je m’attendais à voir mon fils branché, je sais comment ça se passe, je me doutais qu’il n’allait pas me sauter au cou. C’était bien pire que ça, c’était effrayant de le voir hurler, puis dormir, puis me demander un câlin puis re-hurler et arracher la protection qu’il avait sous la tête. Il délirait complètement, et j’avais repris mon rôle de mère qui gère, lui affichant mon plus beau sourire, le carressant de ma main gauche, ma main droite serrant très fort le drap pour m’empêcher de trembler.

Quand il a réalisé que d’autres enfants étaient là, il m’a demandé s’il y avait des bébés. J’ai levé les yeux sur la maman en face de moi, qui veillait sa toute petite fille de quelques mois. Oui, il y en a.
N°1 m’a regardé avec un air paniqué, me disant que JAMAIS il ne voulait que Clapiotte se retrouve dans cet endroit.

Non, on ne s’attend pas à ça, je me croyais plus préparée, j’étais seulement paumée.

En le ramenant dans sa chambre, j’ai dû aller prendre l’air pour faire passer la nausée tant j’étais retournée.

Quelques heures plus tard, nous étions de retour à la maison. N°1 squatte le canapé depuis, avec un air hagard, il n’a pas mal, il est juste fatigué.

Je pensais que l’angoisse se dissiperait avec notre retour, puisque « tout va bien, Mme Cranemou, tout s’est bien passé ».
En vrai, je commencerai à lâcher un peu la pression quand j’aurai vu un beau sourire sur le visage de mon fils.

Ce n’était qu’une intervention bénigne, je ne sais pas comment font ces parents qui doivent gérer en plus d’autres types de stress… Vraiment, vu mon comportement, je ne sais pas si je serai capable d’encaisser plus que ça.

En tout cas, je vous remercie tous et toutes pour vos pensées, qui m’ont permis de temps en temps à penser à autre chose( vive la 3G), et bravo (et merci) aux équipes médicales qui sont d’une patience et d’une tolérance hors du commun.

 

 

34 réflexions sur « Une opération parce que j’suis bon en maths? »

  1. ouais moi aussi je me demande comment font les parents (et les enfants) confrontés à longueur de temps aux problèmes de santé. contente que ça aille. bises à n° 1 et à toi ;)

  2. je sais pas si c est les amygdales dont tu parle mais en tout cas je ne veux pas avoir a faire a une operation
    il en etait question pour une chirugie des yeux pour ma puce mais finalement ils ont dit que pas necessaire j avoue avoir ete soulagée

  3. J’en ai les larmes aux yeux , enfin non je pleure à vrai dire parce que Roloulou a eu une opération sous anesthésie générale vendredi dernier (benigne aussi) et quand je l’ai vu sur son brancard, les bras tendus vers nous pour un dernier bisous mes yeux se sont remplis de larmes (non non non faut pas que vous couilliez sur mes jours sinon je vais m’essayer, renifler et Roloulou va voir que je chiale ) mais j’affichais un grand sourire de façade histoire de ….je croyais m’avoir préparé à ça en serrant les dents et en me disant ‘non tu vas pas pleurer devant lui, non il ne FAUT pas que tu pleures devant lui …)…

  4. Ben voilà, je suis en larmes ! J’ai pas du tout envie de vivre ça !! Je crois qu’on n’est jamais prêt pour gérer ça … et quand je râle parce que ma fille doit encore faire de la kiné respiratoire, je me dis que je devrais regarder autour de moi ! Y’a des mamans qui passent leur temps dans les hôpitaux avec des enfants qui souffrent et qui passent sur les tables d’opérations régulièrement ! Contente que N°1 aille bien, que se soit enfin terminé ! Et repose toi, tu dois être lessivée ! bisous à vous 4 et plus particulièrement à N°1 !

  5. contente que ça se soit bien passé. Les réveils difficiles, j’en ai connu un après l’opération de mes amygdales, je m’en souviens encore, mais n°1 a eu la chance d’avoir sa maman!

  6. Ah ben écoute jte laisse lire mon élan de panique en Namibie…qui n’a pas pu durer tres longtemps…fallait remettre le cerveau en place.

    http://leschamotte.blogspot.com/2011/06/carnet-de-voyage-namibie-jour-234.html

    Apres tu as la suite dans les autres articles…séjour à l’hosto et tout et tout.

    Alors du coup je dois avouer…que je suis beaucoup moins dans le stress ici ahahah.

    Si j’avais su, jtaurais envoyé un mot d’encouragement….pffffffff .
    Mais bon je suis de tout coeur avec ton loulou…je lui souhaite de bien se retablir…mais je sens qu’avec une maman comme toi….il va se faire dorloter à mort!!!! Et c tant mieux!!!!

    Jte bizzzzzzzz
    Rachel

  7. Le réveil de NumberOne me fait beaucoup penser au réveil de TiBiscuit après sa circoncision, sous AG aussi… Il ne faisait que hurler et se débattre.
    Tous les enfants ne le vivent pas de la même manière. Je crois que nos garçons aiment avoir des réactions démesurées :-P

  8. Et bien même en salle de réveil, il pense d’abord à sa soeur!!!! Il m’épate, ton bout de chou, il est trop mignon! Dorlotte le bien, reposez-vous (car même toi, tu dois en avoir besoin nerveusement) et bientôt, ce ne sera qu’un mauvais souvenir. Bises

  9. C’est vrai que les bad trip post AG sont déstabilisantes .
    Je suis sûre qu’à leur qu’il est il sourit ton courageux bonhomme !

  10. BONJOUR, (oui parfois j’oublie et on me gronde) ton ptit bout à faut preuve de courage et maman aussi, c’est très difficile à gérer comme situation, bonne récupération à n°1

  11. Arf, je sentais l’angoisse monter en moi rien qu’en te lisant aux côtés de ton fils pendant son réveil… Soigne le bien ;-)

  12. coucou
    je suis ravie, que tout se soit bien passé pour ton n°1… une AG ce n’est jamais rien, même quand l’opération est bénigne
    tout ce que tu as décrit je l’ai déjà ressenti, ma choupette de 8 ans a eu 5 anesthésies génénrales, et la dernière il y a juste 1 mois, on l’a opéré au niveau de la jambe gauche, on lui a sectionné des tendons (j’y comprends rien, j’te passe les détails)… et donc je sais ce que tu ressents quand les portes se ferment… ce que tu ressents la veille qd tu fais le sac… ce que tu ressents pendant l’opération, et que tu te dis comme une conne mais, si elle ne se réveille pas????, ce que tu ressents à la salle de réveil car j’ai déjà été appelée aussi, ce que tu ressents quand elle remonte, et là en plus j’ai dû gérer les questions de la petite soeur (6 ans)qui n’avait jamais vu sa soeur comme ça, les autres ayant été faites il y a longtemps maintenant…
    PAr contre pitié ne me dites pas, je sais pas comment peuvent faire les autres parents car il y a des problèmes supplémentaires!!!!! je ne peux aps entendre cette phrase, j’suis désolée, ça me rends dingue..
    pourquoi? Parce que quand une tuile, et j’te parle d’une belle et grosse tuile comme la maladie ou le handicap d’un enfant te tombe dessus, tu n’as pas le choix, tu gères… c’est comme ça,
    tu n’as rien demandé, ton bébé non plus, tu peux crier, pleurer, faire ce qeu tu veux, le résultat est le même tu gères…… la « tuile » m’est tombée dessus il y a 8 ans aux 4mois de ma poupée et depuis je gères, tu ne te pose pas de questions……alors, oui, je suis plus agressive surtout envers les médecins, car on t’en fait voir de toutes les couleurs, ou je supporte pas le regards des autres, et encore, ça me passe…. mais bref, je n’aime pas les hopitaux et pourtant on y va et on garde le sourire car ton enfant te regarde..

    désolée pour ce long comm!!!
    j’me suis emballée
    plein de bisous à ton n°1;))

  13. Arrête de te culpabiliser( wouoké, facile à dire, mais ça vient du fond du coeur !)… tu fait de ton mieux pour ton N°1, même si parfois, a posteriori, tu te rends compte que tu aurais du faire ci ou pas faire ça … alors stop ! Tu étais là pour lui, et ça il sait … et c’est tout ce qui compte d’accord !
    Moi, j’essaye de bannir « j’aurai du/j’aurai pas du » parce que sinon, je ne fonctionne plus, et en fait, c’est pire.
    Alors, tout tout plein de bises pour toi et un très bon rétablissement à ton grand garçon

  14. Ma fille, fin septembre, en plein bad trip post AG, avait des poussées suicidaires et avait décrété qu’elle allait se jeter par la fenêtre, à poil. Mais oui ma chérie. On a dû s’y mettre à deux pour l’en empêcher. Ensuite elle courait à poil dans le couloir, perf arrachée, en cherchant une autre fenêtre, pour se jeter, toujours. Finalement, on s’est mis à 4 dessus pour lui injecter de la morphine. Qui aurait dû l’endormir. Et qui en fait n’a fait que la faire vomir, ce qui l’a mis de très méchante humeur. Bref. :-)

  15. Tant mieux si tout s’est bien passé ! pour le reste je ne sais pas comment faire autrement, je sais juste qu’on est là quand il le faut et qu’on fait tout ce qu’on peut pour accompagner son enfant… le jour où je suis allée consulter pour le pouce de ma fille et qu’on m’a annoncé direct qu’il fallait opérer tout de suite là, j’ai eu le coeur en mille morceaux mais j’ai réussi à la rassurer et tout le reste… et pourtant avec l’anesthésie et tout, la voir en tenue d’opération, j’ai eu un mal de chien à retenir mes larmes, elle n’avait que 2 ans et demi…

  16. on a rdv à la clinique vendredi je ne sais pas si on passera par l’étape opération mais j’ai été malade rien qu’à la découverte de problèmes chez ma fille, il est trop mignon ton fils de faire preuve d’empathie alors qu’il vient de se faire opérer

  17. Cool si tout s’est bien passé et que tout le monde va bien.
    Pour la question « comment font les parents qui …? » Ben en fait tu n’as pas le choix, le droit de craquer. Tu dois être fort pour ton enfant, pour qu’il puisse lui aussi être serein, tu dois lui donner du courage, être là pour lui, dans ces moments là tu passes après (mais il ne faut pas s’oublier non plus). Et puis tu avises en fonction des résultats, forcément tu craques, mais quand l’enfant n’est pas là. Et tu avances pas à pas.
    Moi non plus je ne pensais pas pouvoir gérer, quand n°1 a dû avoir une AG pour une hernie inguinale à 5 semaines je pensais que j’étais au top du stress (et pourtant au réveil il rameutait tout le monde parce qu’il crevait la dalle et que l’eau sucrée ce n’était pas son truc, surtout 10 ml). Et puis n°2 est arrivé, et en fait j’ai plus de réserves que je ne le pensais.
    Mais autant ne jamais avoir à vérifier ce genre de choses.

  18. Je sais que ce billet n’est plus d’actualité (oui oui, je persiste, je rattrape TOUT!) mais je réagis car tu m’as fait monter les larmes aux yeux.
    Mon ptit loulou a subi une intervention chirurgicale pour une malformation cardiaque alors qu’il n’avait que 18 jours, et même si « c’est trop petit » pour comprendre, le regard qu’il nous a lancé à son réveil nous a montré qu’il avait compris ce qu’il venait de vivre.
    On n’oublie jamais ces moments, que ce soit à 2 semaines, 2 ans ou 6 ans, si nos enfants passent par le bloc, ça reste une épreuve très dure à vivre pour des parents.

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